24 décembre 2011

Retour (épique) en Iowa

C'est avec une pointe de mélancolie, après ce dernier mois riche en rencontres et découvertes, que je me suis résolue à envisager de commencer à penser à renter en Iowa. Chaque station de radio, chaque vitrine de magasin, la décoration de chaque maison, et presque tous les panneaux publicitaires me rappellent que Noël approche (et heureusement, car le temps californien ne le laisse pas franchement deviner, surtout pour quelqu'un qui a passé son dernier Noël près de la frontière Laponne...)

Après une super et dernière soirée en compagnie d'Eddie à Merced,  c'est le mercredi 21 à 11h30 que mon rapatriement vers l'Iowa a commencé. Il se concluera 2 jours et 8 heures plus tard. En voici les péripéties...
(NDLA: attention, pas d'image, il faut lire et imaginer)

... que j'introduis en annonçant (avec étonnement mais beaucoup de sérieux) que j'ai trouvé un concurrent sérieux à l'efficacité (jusqu'à présent inégalable) de la SNCF: Greyhound.

Mais avant, voici les règles à connaître:
- Greyhound fonctionne selon le principe suivant: 24h/24, 7j/7, des bus sillonnent le pays. Règle de transport: "premier arrivé = premier à bord"
- Greyhound ne fournit pas nécessairement d'itinéraire imprimé aux personnes bénéficiant d'un pass

Vous l'aurez compris, cela fonctionne parfaitement bien sur les itinéraires simples et tant que le nombre de voyageurs est inférieur au nombre de sièges disponibles. En cas de dépassement, le surplus de voyageurs devra se contenter du bus suivant, ce qui peut impliquer 24 heures d'attente.

Autrement dit, ni le siège, ni les correspondances ne sont assurés!

Le site Internet me prédisant 2 jours de voyage pour rallier Merced à Cedar Rapids, j'avais prévu un jour de marge pour arriver chez les Stock, au plus tard le soir du 24.

Ma mission: Merced - Los Angeles - Las Vegas - Denver - Des Moines - Cedar Rapids en 1 jour et 23 heures.

Ces petits détails précisés, voici le déroulement de mon match contre Greyhound: de l'endurance et de la tactique du début à la fin, émotions garanties!

Il est 10h30, je me rends au terminal de Merced. Coup d'envoi prévu à 11h30. A 12h, un bus arrive... plein. Dommage! Mais le chauffeur assure que face à l'affluence, Greyhound a affrété un second bus qui devrait arriver "dans le quart d'heure". UNE HEURE et quart plus tard, un bus, à moitié plein celui-là, arrive. J'embarque, et cap sur Los Angeles. Mais le mal est déjà fait: je n'avais qu'une heure pour changer à LA, et il n'y a qu'un bus par jour entre Las Vegas et Denver. Paf! 24 heures de retard. Un point pour Greyhound.

Après une demi heure de queue au comptoir de LA, j'obtiens (gribouillé sur des petits bouts de papier car les imprimantes, ils ne connaissent pas) un deuxième itinéraire: LA - Phoenix - Tulsa - Des Moines, soit disant aussi rapide que le premier (on notera cependant la disparition de Cedar Rapids...)

Je me dirige alors vers la salle d'embarquement, et manque de suffoquer: les Galeries Lafayette le premier jour des soldes sont désertes à côté de la gare Greyhound de LA la semaine de Noël! Prenant mon courage et ma patience de mes deux mains (très) moites, je me mêle à la foule. Comme par hasard, le premier départ pour Phoenix est plein, mais 3 heures plus tard, j'arrive à prendre un autre convoi.

A peine arrivée dans la capitale de l'Arizona, je me précipite dans la salle d'embarquement pour être la mieux placée possible dans la file d'attente du prochain bus pour Tulsa. En effet, même en tête, une place dans le bus n'est pas garantie car il faut avant tout venir à bout des chanceux (les gens déjà enregistrés à bord, qui ne sont sortis du bus que pour la pause) et des tricheurs (les gens qui paient pour un embarquement prioritaire). Naïvement, je commence à croire que la chance a tourné car après un certain temps quand même, je me retrouve assise dans bus qui roule et censé désservir Tulsa 24 heures plus tard.

Je parviens à me détendre quelque peu lorsque 6 heures après notre départ de Phoenix, je suis réveillée par une rumeur confirmée par le chauffeur 10 minutes plus tard: LA route (oui, il n'y en a qu'une, aucun contournement possible) est fermée à cause de la neige. Demi-tour, droite, retour à Phoenix... ou comment perdre encore 12 heures de son précieux temps.

Je fais mes calculs: arriver le 24 me semble rapé. Mon nouvel objéctif devient le matin du 25.

De retour à Phoenix, mes compagnons d'infortune et moi prenons le comptoir d'assaut. J'obtiens un vouvel itinéraire: Phoenix - Dallas - Des Moines, arrivée à Des Moines à 23h le 24... Pas mal! J'attends les 20 minutes d'arrêt prévues avant de réintégrer nos appartements roulants avec un peu d'espoir.

Mais les fameuses 20 minutes augmentées de 2 heures plus tard, nouvelle annonce: TOUTES les routes du Nouveau-Mexique sont désormais fermées. Rien ne partira avant le petit matin, soit 6 autres heures plus tard.

Laissant ma timidité de côté un instant, je m'enhardis et re-re-réclame une re-re-révaluation de mon itinéraire. Verdict: impossible d'arriver à destination avant le 25 en fin de journée. Phoenix étant la dernière grande ville avant ma destination finale, il était temps pour moi de prendre les choses en main.

La perspective de passer Noël dans un terminal glauque au milieu de nul part et en compagnie de gens sûrement très sympathiques mais tout aussi frustrés et désespérés que moi (et qui franchement, commencent à cogner car dans les bus, il y a peut-être des WC et parfois le WiFi, mais pas encore de douche...) ne m'attirant pas franchement, je décide ce que toute personne sensée aurait sûrement fait depuis longtemps: je me résigne, déclare forfait à Greyhound, emprunte le PC d'un de mes infortunés compagnons, et me réserve un billet d'avion.

Calvin, mon voisin de bus, au début très résigné, voire même assez fataliste, admet que l'idée est bonne (originaire de Detroit, lui non plus n'était pas près d'arriver!) et décide de provoquer sa chance en faisant de même.

Dernière étape avant l'aéroport: récupérer nos bagages restés dans le bus de l'autre côté des portes d'embarquement, elles-mêmes gardées par des cerbères en uniforme.

Petite frayeur lorsque l'un des bagagistes déclare mon bagage introuvable et m'envoie voir son chef. Ce dernier m'explique que mon sac est sûrement déjà parti pour Des Moines. Euh, pause! Alors si je suis bien, les bagages voyagent, mais pas les propriétaires? Les routes ferment pour les voyageurs, mais pas pour les valises? Il commence alors à me prendre de haut, prétextant que quelques heures auparavant, les routes n'étaient pas encore fermées. Sauf que moi, je me rappelais très bien avoir vu mon sac lorsque nous avions embarqué, et étais donc certaine que pour une fois, mon sac et moi étions dans le même bateau, euh bus.

Je tente alors de ré-inspecter la soute par moi-même mais un type de la sécurité, qui a du me prendre pour la fille de Ben Laden, m'ordonne de "dégager la zone". Impossible de lui expliquer la situation, il ne m'écoute pas. Je décide donc de l'ignorer et pars trouver un autre Mr Bagage à l'air un peu plus amical. Celui-ci, un peu plus malin aussi, a eu la lumineuse idée d'utiliser une lampe et de pousser les sacs de devant pour voir les sacs de derrière... et ô miracle, le mien était bien là!

Bref. Vendredi 23, vers les 6 heures du matin, Calvin et moi partagions un taxi pour nous rendre à l'aéroport, et 14 heures plus tard (mon vol était en milieu d'après-midi), j'atterrissais à Cedar Rapids sans encombre (et sans neige, snif!), le coeur léger, mais presque à regret: à vrai dire, j'aurais volontier relevé le défi si l'enjeu n'avait pas été l'endroit où j'allai passer Noël!!

***

Même s'il peut paraître exaspérant de voyager ainsi, l'expérience m'a semblé enrichissante. Maintenant, je sais que:

- les américains qui ne peuvent pas se permettre l'avion voyagent avec Greyhound. C'est BEAUCOUP de monde.

- un pass Greyhound, ça marche mieux dans le Montana-où-personne-ne-va qu'en Californie-où-tout-le-monde-veut-vivre.

- Greyhound fait évoluer nos perspectives:
H1: J'espère arriver le 23 dans la journée.
H6: Hmmm, le 23 au soir, ça serait pas mal...
H7: Pourvu que j'arrive à prendre ma prochaine correspondance!
H10: Dans 1 heure, je serai assise dans un bus qui roule.
H15: Dans 2 heures, je serai assise dans un bus.
H18: 1, 2.... 12, 13 sacs avant moi, si on compte 5 prioritaires, ça devrait être bon j'arriverai à monter dans le bus...

- LA c'est immense et très moche.

***

>> JOYEUX NOËL A TOUS <<

3 commentaires:

  1. Joyeux Noël ma Nounouche !!!
    On te garde une part de tout et on a mis ta pièce à la quête même si ton père a espéré faire cette année des économies !!! Le fourbe !!!
    Le père Noël est passé et a laissé des choses pour toi, il doit avoir du mal a te suivre même grâce à ton blog !
    Côté aventures, ta soeur est verte de terreur rien qu'en te lisant !!
    Comment ça pas de douches ?? SVP, arrête d'écrire ces choses là. MC, âme sensible ne le supporte plus.

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  2. Joyeux Noël!

    Bon, raté pour l'économie de 1€ à la messe... Et maintenant tout le monde le sait... Mais moi, je pars avec des sous dans les poches quand je vais à l'église...

    Je rejoins ta soeurette en matière d'horreur... Sois plus soft la prochaine fois... Elle apprivoise seulement maintenant les trajets Pont-Lyon... et aujourd'hui: Pont-Grenoble-Pont... Alors aux States... même pas en rêve!

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  3. Et ben !! je vais arrêter de critiquer la sncf !! quelle aventure !
    j'espere que t'as réussi a trouver une douche depuis lol

    joyeux noel poopoo !!!

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