24 mars 2022

Installation brésilienne (Partie 2)

Alors... vous vous rappelez de notre TODO liste ? On avance petit à petit. Voici la suite (mais pas la fin).


6. Enregistrement à la Police Fédérale

Sur 53 tentatives de connexion sur leur site (réparties aléatoirement de midi à minuit et effectuées autant du téléphone que de l'ordi - connectés à la wifi ou à la 4G...), 24 ont été fructueuses.

Sur ces 24, 13 ont fonctionné jusqu'à la vérification du CAPTCHA.

Parmi ces 13 tentatives, 5 sont allées jusqu'à l'affichage effectif d'un calendrier proposant des dates de RDV.

Puis 3 ont validé le clic et une (la vraie, la bonne !) aboutit à la réception d'un e-mail de confirmation.

 


Évidemment, il a fallu faire ça deux fois, pour deux rendez-vous distincts. Et un processus similaire pour effectuer une demande de paiement des deux taxes de migration.

En parallèle, on avait imprimé les 14 documents nécessaires à cet entretien (justificatifs de domicile, certificat de piscine, carte de bibliothèque...)

Dès les RDV confirmés, Diana est allée payer nos taxes d'enregistrement, en liquide, au Banco do Brasil. Demandez-lui les détails, elle a adoré cette journée.

Résultat : au bout de 1h30, nous avions nos numéros d'inscription au Registre National de la Migration (le fameux RNM !) imprimés sur une feuille A4. 

Il paraît que dans 30 jours, on aura une vraie carte de résident...


7. Souscription d'un contrat d'électricité

Pour ça, il faut compter deux heures d'attente dans une agence surpeuplée et répéter son histoire à 5 personnes différentes : 

- celle qui accueille, 

- son chef, 

- celle qui imprime le ticket d'attente,

- celle qui veut savoir pourquoi vous êtes là alors qu'elle ne semble pas avoir de rôle attitré,

- et la sous-cheffe qui surveille la dame de l'accueil et finit son travail lorsque le dossier devient trop complexe.

Après tout ça, je pensais avoir droit à un contrat imprimé et une preuve que mon compte sera débité (et quand et à quelle fréquence) ; peut-être même (je suis naïve) un descriptif de la consommation des derniers mois pour avoir une estimation ?

J'ai demandé, répété, insisté, soudoyé... mais nan, on est ressorties avec ça :

 

 

Alors est-ce que le contrat est établi ? Il semblerait que oui d'après leur espace-client. Mais je n'ai pas encore reçu l'e-mail de confirmation que l'on m'avait promis. Ça fait 5 jours...

21 mars 2022

Séminaire à São Paulo

J'ai passé la semaine dernière à São Paulo avec le gratin de la coopération éducative et culturelle franco-brésilienne.

Tous les assistants de français (nous sommes une bonne dizaine répartis dans tout le pays) ont été accueillis par le Consul de France à São Paulo, les attachés de coopération de chaque zone consulaire du Brésil, quelques profs des facs brésiliennes partenaires... dans les locaux de l'Agence Universitaire de la Francophonie à Ipiranga.

Bon. En vrai, tout ce beau monde ne s'est peut-être pas déplacé que pour nous, probablement plutôt pour lancer la fameuse Semaine de la Francophonie et FRANMOBE (le nouveau programme d'aide à la mobilité des étudiants brésiliens vers des pays francophones). Mais ça fait toujours plaisir d'être reçue avec des petits fours payés par nos impôts.

 

La promo 2022 des assistants (oui oui, il y a un garçon, cherchez un peu...) au Brésil

Et le grand cru : celles de la région Nordeste !

Nous étions logés dans un ancien couvent, près du parc de l'indépendance (où Dom Pedro I a fait un FUCK aux libéraux portugais en 1822...) Un petit écrin de verdure (habité par des araignées É-NORMES !!!) au milieu des 12 millions de Paulistes (plus de 20 millions si l'on considère la région métropolitaine).


Malheureusement, le musée d'Ipiranga était fermé. Il rouvrira tout beau tout neuf pour le bicentenaire de la proclamation d'indépendance du Brésil, le 7 septembre 2022

Par contre, j'ai pu voir le Monument de l'Indépendance, dans le parc juste en dessous !


J'ai aussi pris le métro (propre et à l'heure, comme en Europe ;) pour faire un tour au passionnant musée de la langue portugaise, hébergé dans la belle gare de la Luz. Saviez-vous que si le portugais brésilien est si différent de celui parlé en péninsule ibérique, c'est en particulier à cause de (je dirais même grâce à) l'influence considérable des langues yoruba (Afrique de l'Ouest), kikongo (Afrique Centrale) et tupinambá (la famille des langues qui étaient parlées sur une bonne partie du littoral atlantique brésilien) ?

J'ai aussi observé la ville depuis le Farol Santander, l'un des gratte-ciels les plus emblématiques de São Paulo, leur Empire State Building à eux, rien que ça !

J'ai également jeté un œil au célèbre Mémorial de l'Amérique Latine et à la maison du poète Mário de Andrade, mais comme il pleuvait (et que la maison n'est pas si grande), j'ai rapidement changé mes plans pour visiter le musée du foot dans le stade municipal Pacaembu (oui, il y a un site qui s'appelle sambafoot, je suis aussi surprise que vous...)

C'était très cool de voir tout ça, mais ça caillait un peu des fois, surtout la nuit (genre 19 degrés...)

Heureusement, dimanche soir, après 3 heures d'avion, j'ai pu remonter vers le nord me mettre au chaud et retrouver Diana dans notre nouveau "chez nous"...

 


13 mars 2022

Les invitations à déjeuner le samedi midi

5 ans après, j'ai retrouvé Jeandro, un de mes profs de portugais d'Olinda, rencontré en mars 2017.

Il nous a reçues chez lui, avec sa femme Thays, pour un repas de midi.

J'imaginais le traditionnel apéro jusqu'à 13h, repas jusqu'à 15h max, puis petite balade digestive et à 18h, tout le monde chez soi. Pas vous ?

En fait, pas d'apéro, ou du moins, pas en premier.

 


On a mangé de suite un succulent plat traditionnel : l'escondidinho de charque (une sorte de hâchis parmentier nordestin où l'on remplace les pommes de terre par du manioc et la viande hâchée par de la viande séchée et salée).

Ensuite, on est allés acheter un pack de bières au supermarché. On les a toutes bues chez eux, tout l'aprèm, en mangeant des frites, des chips, des olives et des saucisses.

Enfin, pour digérer tout ça, on a fait un goûter : café, gâteau et biscuits.

On est parties à 20 heures, en roulant.

 
 
 

À l'heure où j'écris ces lignes (dimanche aprèm), Diana est toujours en train de digérer ses frites...

11 mars 2022

Le dragage, c'est pour la vie !

Moi qui pensais ne plus voir de drague pendant au moins un an et demi... 

 

Port de Recife, le 27 février 2022

 

Réflexions : 

- Les Hollandais sont partout !

- Est-ce un signe ?

- À quelle entreprise appartiennent ces couleurs ?

10 mars 2022

Installation brésilienne (Partie 1)

Après deux semaines au Pernambouc (l'État fédéré brésilien dont Recife est la capitale - je précise, car Petit Bichon a un peu de mal...), où en sommes-nous ?

Rétrospective sur les premières étapes de notre installation (toujours en cours).


Drapeau du Pernambouc

 

1. Les cartes SIM (et les CPF)

À mes yeux, obtenir des cartes SIM était le plus important et le plus urgent, car ces dernières sont synonymes de liberté : sans téléphone et sans internet, pas de Uber.

Et sans Uber (le meilleur compromis pour se déplacer si l'on considère le prix, l'efficacité et la sécurité - d'une manière générale, sanitaire en particulier) au Brésil, très franchement, la vie se complique beaucoup.

Comment a fait Vasco de Gama pour voyager sans 4G, sans smartphone et sans GPS ?!?

Mais revenons à nos cartes SIM.

Les obtenir ne fut pas de tout repos et nous a occupées plusieurs heures.

Il faut bien entendu comparer les offres (le pays est tellement grand qu'il y a des offres "locales", c'est-à-dire propres à l'État, des offres "nationales", valables dans tout le pays, des abonnements avec la SIM gratuite, des options prépayées avec la SIM payante, etc.)

MAIS AUSSI avoir un graal appelé CPF (pour Cadastro de Pessoas Físicas) : un numéro d'identification un peu comme celui de la sécu mais (apparemment) plutôt lié à l'administration fiscale.

Heureusement, j'en avais fait la demande via le Consulat du Brésil avant de partir. 

Sauf qu'apparemment, des fois il marche (pour moi et l'offre nationale de TIM, pour les vélibs Itaú...) et des fois non (pour Diana et l'offre locale de Oi par exemple).

On ne maîtrise pas encore tout-à-fait les tenants et les aboutissants de ce numéro à 11 chiffres que tous les Brésiliens connaissent par cœur. Dès qu'on en sait plus, on vous dit !


2. Comprendre les prix

Pour avoir une idée du marché local et de notre pouvoir d'achat, un peu d’observation, des échanges avec Juliana (notre hôte AirBnB), des visites d'exploration, des courses dans plusieurs marchés et supermarchés différents... et surtout beaucoup de restaurants (quelle plaie !)

 

Les petits citrons verts moins chers que les citrons jaunes siciliens, c'est le paradis pour Diana !

Au risque de m'engager sur un terrain glissant, voici une analyse préliminaire (que je corrigerai si jamais je me suis complètement fourvoyée...)

La monnaie locale est le réal (R$). Rien de tendancieux pour l'instant.

Contrairement à ce que je pensais, ma bourse (2.500 R$, soit plus de deux fois le salaire minimum, revalorisé en début d'année à 1.212 R$) n'est pas si élevée. 

En fait, la hausse des prix est terrible ici aussi : 6 R$ le litre d'essence ou 15-20 R$ minimum pour un plat du jour dans un petit restau très simple, lorsque l'on gagne le minimum légal de 5 R$ de l'heure, c'est énorme.

Le salaire minimum brésilien ressemble donc plus au RSA qu'au SMIC.

Du coup, beaucoup de monde cumule 2 voire 3 emplois pour s'en sortir. Notre champion jusqu'à présent est le chauffeur Uber qui nous a récupérées à l'aéroport : avocat du droit des familles et prof de sport le jour, chauffeur la nuit... mais alors quand dort-il ?!?

 


Ce qui signifie que les Brésiliens qui vivent "à l'occidentale" (j'entends "comme vous, comme moi, comme le Bon Dieu" : un appart climatisé, une bonne connexion internet, un smartphone, Netflix, quelques sorties bar/restau/ciné dans le mois et la possibilité de partir en vacances au moins une fois par an) devraient gagner au moins 6.000 R$ selon ma pote Lucy (une anglaise qui vit à Recife depuis 5 ans).

Selon l'Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques (IBGE), pour faire partie des 5 % les plus riches, il faut gagner plus de 10.000 R$ par mois, soit plus de 8 salaires minimums ou environ 1.800 € à l'heure actuelle.

Le club des 1 % acceptera votre présence si vous gagnez presque 30.000 R$ mensuellement, soit plus de 5.000 €.

À l'inverse, 90 % des Brésiliens gagnent moins de 3.500 R$ (moins de 3 salaires minimaux).

 

Aucun rapport, mais pour info :
 


 

N'oublions pas que selon certains classements, le Brésil est dans le top 10 des coefficients de Gini, avec un indice à plus de 0.5

 
RAPPEL : 

0 = égalité parfaite entre tous

1 = inégalité totale (une personne a tout, les autres n'ont rien)

La France est à 0.3

 

Cette pyramide résume la situation au Brésil en 2013 (étonnamment, il est difficile de trouver des graphiques pertinents récents, mais je vais poursuivre mon enquête) :

 


 

3. Trouver un appartement

Car sans adresse, pas de compte en banque, et donc pas de bourse.

Notre défi : Carnaval, qui, bien qu'officiellement annulé, a relâché l'ambiance. Ni les particuliers, ni les agences ne se sont bousculés au portillon pour les visites. Et c'est finalement grâce à Lucy que nous avons trouvé notre nouveau nid.

Nos critères étaient les suivants : 

- la taille : un T2 (pour pouvoir vous accueillir si jamais Poupou s'attaque aux Alpes)

- la localisation : près de la plage (et donc de la brise, vitale pour Diana) ; où je peux courir dehors en sécurité (les gymnases, c'est bien sur les bateaux, mais sur la terre ferme, rien ne vaut un bon GR - ou un trottoir qui pue, ça dépend de là où vous êtes...) ; et avec des commerces et des arrêts de bus pas trop loin

- meublé.

 

Ça donne ça :

Le salon (avec clic-clac, donc 2 couchages en plus ;)

Le balcon, d'où on peut voir la mer (si si, c'est vrai, regardez bien...)

La cuisine/buanderie


Le bureau / chambre d'amis...

...et sa salle-de-bains (indépendante)


La chambre, avec vue sur le Parque dos Manguezais (et la communauté Ilha do Destino, qui met l'ambiance toute la nuit)

La salle-de-bains, avec eau chaude s'il vous plaît !

Et dans les parties communes, sur le toit, il y a une petite piscine et de quoi faire un barbecue. Alors, vous venez quand ?

 

4. Le compte en banque

Ça y est, nous avons une adresse, la prochaine étape est donc : recevoir les soussous (et payer...) !

On ne va pas se mentir, Bourso, c'est cool. Sur les recommandations de Juliana et Lucy, nous avons opté pour Banco do Brasil (les plus présents sur tout le territoire et les plus efficaces selon elles) et malgré tout, ouvrir un compte en banque chez eux nous a pris l'aprèm.

 


Déjà, les bureaux sont ouverts de 10h à 16h, la fenêtre est donc assez réduite (surtout pour ceux qui travaillent à ces heures-là). Ensuite, les employés prennent de (longues) pauses. Enfin, sur les 10 guichets dispos, seuls 2 fonctionnent.

C'est au bout de 45 minutes d'attente qu'un agent s'est enfin occupé de nous. 

Il a vérifié tous mes documents (passeport, visa, lettre de mission, contrat de bail et CPF) plusieurs fois chacun très lentement et a ouvertement rigolé lorsque je lui ai demandé si le compte pouvait être joint ("Non, trop compliqué, on va commencer par un compte pour vous, et après on verra...")

 


Mais il avait raison : au bout de deux heures, on relativise. Comparer les offres devient un luxe (que nous ne nous sommes pas payé) et le compte-joint passe de nécessaire à superflu.

On devrait recevoir la carte bancaire BB dans 2 semaines. Affaire à suivre.

 

5. L'abonnement au Monde Diplomatique Brasil

Maintenant que nous sommes plus ou moins installées, que l'appart est nettoyé et que Diana a son matos de pâtisserie, place aux nouvelles habitudes.

Et pour ne pas perdre la main et comprendre un peu ce qu'il se passe en Ukraine tout en travaillant mon portugais, je viens de m'abonner à la version brésilienne du Monde Diplomatique. Aucune idée de quand je recevrai mon premier mensuel. À suivre aussi !



Les prochaines étapes

- l'enregistrement à la Police Fédérale (obligatoire pour les visas temporaires, leur site marche une fois sur deux, il n'y a aucune plage horaire disponible pour le moment, ça va encore être simple cette histoire...)

- souscrire à la compagnie d'électricité (impossible de faire ça en ligne ou par téléphone, il faudra donc passer à leur bureau, sûrement tenu par un cousin du banquier) ; en attendant, nous sommes fournies via le contrat du propriétaire ;

- trouver un club de beach-volley (ou de foot ou de capoeira...)

 

J'en profite pour souligner que j'avais oublié que faire tout ça dans une langue étrangère (à commencer par les cartes SIM) n'est pas si évident. Pourtant, nous avons choisi et préparé ce voyage, j'ai des bases de portugais, l'intercompréhension est possible et le choc culturel reste limité. 

J'ai alors essayé d'imaginer ce que vivent les déplacés dans un pays dont la langue est éloignée et inconnue et la culture particulièrement différente. C'est un effort d'adaptation incroyable. Après, j'dis ça, j'dis rien...

 

Et mon boulot dans tout ça ?!?

Aaaaah ouiiiii, la faaaaaac, c'est vrai !! Et c'est même pour ça qu'on est venues d'ailleurs !! J'avais presque oublié tellement je suis occupée...

J'attends encore quelques semaines pour que les choses se mettent en place, puis je vous raconterai tout ça. D'acc ?

 

En attendant, 
Bienvenue à Recife !