31 décembre 2022

Mon boulot au Brésil

...mais au fait, je faisais quoi à Recife ?!? 

Je dois avouer que moi aussi, je me suis posé cette question pendant (très) longtemps.

 



OFFICIELLEMENT

Mon stage de fin d'études, en tant qu'assistante de langue française à l'Université Fédérale du Pernambouc. 



J'ai essentiellement préparé des collégiens au DELF (une certification de langue française) et sensibilisé des étudiants à l'interculturalité et à la culture française. J'ai trouvé ça très enrichissant et ai pris plaisir à enseigner. Le rythme était (très) léger. J'allais à la fac en bus en écoutant mes podcasts. Je pense avoir été "sous-utilisée" et aurais aimé faire beaucoup plus. Mais après deux ans de cours à distance, la réadaptation (de l'institution comme du personnel et des élèves) a été compliquée. L'organisation fut très chaotique et le manque de communication criant. La fac me doit encore deux mois de salaire. Le bilan est donc mitigé.


 

 

OFFICIEUSEMENT

Une vrai année sabbatique avec Diana.



Nous avons (re)découvert un pays neutre (ni le sien, ni le mien) en y vivant quotidiennement pendant 10 mois, avec à la clé :

  • des retrouvailles (notre trio avec Lucy et Ana a été reconstitué et actif pendant 4 mois), 
  • des nouvelles rencontres (avec en pole position la Team Beach Tennis et la Team Consulat), 
  • des progrès en kite et en tennis de plage (preuve en photos 👆🏻 et ci-dessous), 
  • un meilleur niveau en portugais, 
  • du temps de réflexion pour relativiser, (re)donner de la valeur aux choses que nous avons et continuer à observer le monde sous des angles nouveaux,
  • et, surtout, du peps pour reprendre nos boulots en 2023 !


Le traditionnel album photos (très long et que vous connaissez déjà partiellement si vous avez suivi les derniers articles) est disponible 


>>> ICI <<<

 

 

 

♥ Très bonne année 2023 à tous ♥

 

18 décembre 2022

Une Coupe du Monde au Brésil

Autant l'annoncer tout de suite : ici, la question (tardive et européocentrée) du boycott ne s'est pas posée. Et de fait, ce mondial fut le premier que j'ai pu suivre activement, du début à la fin. Il vaut donc bien un petit article !

 

 

Cela fait plus de 20 ans que le quintuple champion du monde n'a pas eu LA coupe, et le peuple n'attendait que ça : l'HEXA !!

Mais en creusant un peu, ça n'était pas seulement la coupe qui importait, mais aussi un peu d'unité et de distraction dans un contexte économique et politique particulièrement difficile et clivant.  


Les t-shirts à 6 étoiles se vendaient comme des petits pains...

 

Cependant, à mes yeux, les Brésiliens étaient très (bien trop même) sûrs d'eux. Le calendrier était connu de tous (même pour les rencontres en phase finale) et dans les bars, les musiciens regardaient le match en installant leurs instruments pour lancer le concert et fêter la victoire au coup de sifflet final. 

Mais ce que je prenais pour de l'arrogance ou un manque de discernement a été bien mieux analysé dans cet article de blog hébergé par Courrier International : dire que l'on va gagner est « un acte de foi, qui ne se discute pas ! »
 
Le ton est donné dès la phase de groupe : les demi-journées sont banalisées les jours de match. Et tout le monde, même les moins footeux, souhaite que l'équipe nationale aille le plus loin possible car les jours de match à élimination directe (mata-mata) sont fériés, tout simplement ! La ville s'arrête et prendre un UBER même une heure avant le coup d'envoi relève du défi (demandez à Diana et Dési qui ont essayé de faire une course en centre-ville deux heures avant une rencontre...)
 
Le premier but brésilien de la coupe (de Richarlison, contre la Serbie) a provoqué une onde sonore qui, je pense, s'est ressentie en Angola, et une salve de pétards et de feux d'artifice digne d'un 14 juillet. On parle bien d'un but de match de poule. Il paraîtrait que le deuxième, l'un des plus beaux de la Coupe, LE but du tournoi selon Hyundai, aurait réveillé un bébé mozambicain en pleine sieste...

Chaque journée était analysée dans l'un de mes podcasts favoris, qui traite habituellement des actualités politiques et économiques du jour.
 
Tous les matchs sont retransmis sur la Globo (la principale chaîne de TV du Brésil) et un canal YouTube pour le deuxième match en cas de rencontres simultanées. Par exemple, la Globo a choisi le match Pays-Bas - Qatar tandis que la rencontre Équateur - Sénégal était retransmise sur YouTube, ce qui a beaucoup vexé Diana.

 

Nariz caricatures

Notre emploi du temps était très chargé, surtout les deux premières semaines, car nous avions trois équipes à soutenir. Mais on était aussi pour le Japon, la Corée, le Maroc et toutes ces équipes remarquables qui ont provoqué des surprises incroyables dans ce mondial !

Heureusement que les matchs sont plus espacés en phase finale. J'imagine que c'est pour que les joueurs récupèrent. Ça vaut aussi pour les supporters.

Mais, contre toute attente, l'élimination du Brésil n'a pas causé de cataclysme. Nous avons suivi ce match de notre QG, Mr Hoppy, un bar à bière & burgers que Laura et Enguerran connaissent bien. Les cinq minutes qui ont suivi le poteau de Marquinhos ont été particulièrement silencieuses. Puis chacun a recommandé une bière, et la vie a repris. Tant pis, le titre, c'est pour dans 4 ans !


Vous remarquerez l'ajout discret d'un écran pour le match d'ouverture Qatar - Équateur !


France - Danemark, avec la troupe : Dési, Adrien, Damien... et la pauvre Charline, qui, victime de l'effet de groupe, vient de mettre fin à son boycott.


Brésil - Croatie chez Mr Hoppy Boa Viagem



Quel meilleur endroit que l'appart' de Lucy pour suivre le France - Angleterre ?!?


Tandis que l'inoubliable finale fut suivie à l'Alliance Française avec Amanda et Gabi (mais aussi Liz, Ronaldo, Charline et Mattheus, qui n'apparaissent pas sur cette photo)

16 novembre 2022

Monte Roraima

Ces derniers mois au Brésil ont été très riches en évènements : reprise des cours, campagne électorale, vacances de Toussaint, élections présidentielles, Coupe du Monde, despedidas, grand nettoyage de notre appartement, remise des clés... et départ en Équateur, où nous avons prévu de passer un peu plus de deux mois, pour célébrer les fêtes de fin d'année avec la famille de Diana et rattraper le temps perdu à cause de la pandémie.

 

Mon bureau à Vilca pour les 2 prochains mois : calme, vue et WiFi !

 

Maintenant que je suis bien installée à Vilca et remise de notre périple (et du repas de Noël : porc, riz, tarte-maison et vin apporté par Álvaro - maintenant qu'il est curé, il a ses fournisseurs...), j'ai enfin eu le temps de trier les photos de nos dernières vacances : 7 jours de trek au Mont Roraima, une montagne que je rêvais de découvrir depuis mon adolescence.
 

Pour ceux qui ne savent pas où se trouve le Mont Roraima, ne retenez qu'une seule chose : c'est LOIN. 

Même si on est déjà en Amérique du Sud. 

Le plus pratique est de rejoindre une agence à Boa Vista (capitale de l'État du Roraima, à plus de 3.000 km de Recife, soit la distance Paris-Moscou) puis de se laisser porter.


 

Pas de vol direct Recife - Boa Vista malheureusement...

 

Pour ceux qui n'ont pas vu Là-Haut ou lu Le monde perdu de Conan Doyle, sachez que le Mont Roraima est l'une des plus hautes montagnes tabulaires qui parsèment le plateau des Guyanes. Son sommet, d'environ 30 km², est à la frontière entre le Vénézuéla, le Guyana et le Brésil.

 

Image extraite de Là-Haut (2009)

 

Ces montagnes singulières (comme des hauts-plateaux) sont appelées tepuys (montagnes en pemón) et sont considérées comme sacrées par les autochtones. Les tepuys seraient en effet la résidence des dieux, et de nombreuses légendes expliquent leur histoire.

 

De G à D :
Wadakapiapué-tepui (le petit)
Yuruaní-tepui (le plus au fond)
Kukenán-tepui (celui dont le sommet paraît oblique)
Mont Roraima (le plus à droite)


Le mythe taurepán (la tribu pemón qui vit près du Roraima) explique la naissance des Tepuys Orientaux de la façon suivante (version raccourcie) :
 
Il était une fois un arbre immense qui contenait tous les fruits du monde. Cet arbre était gardé par Makunaima. Mais un jour, alors que Makunaima dormait, son petit frère décida de couper l'arbre afin de garder tous les fruits pour lui. Lorsque Makunaima se réveilla et qu'il découvrit son frère en train de couper l'arbre, il tenta, en vain, de l'en empêcher en jetant un sort. Malheureusement, l'arbre se fendit en deux, de haut en bas, puis se brisa, chaque moitié tombant de chaque côté.
 
Les tepuys seraient alors les bouts du tronc :
- Yuruaní, Kukenán et Roraima d'un côté, 
- Karaurín, Tramen et Ilú de l'autre, 
- tandis que Wadaka correspondrait à la souche de cet arbre originel géant. 
 
De la souche de l'arbre jaillit alors un fleuve immense, qui inonda la plaine, et donna naissance au réseau très dense de rivières qui parcourent cette région (une eau extrêmement pure, par ailleurs, que l'on a bue pendant toute notre rando !!)

Voici la version détaillée racontée par notre guide Manuel (en portugais) :

 

 

Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec ce petit cours que j'ai suivi en achetant les cadeaux de Noël...


Source

 

Mais pour admirer ces roches (parmi les plus anciennes au monde, presque 2 milliards d'années !!), il n'y a qu'un seul accès : côté vénézuélien. Les autres versants (guyanais et brésilien) sont bordés par une forêt tropicale très dense (un prolongement de la forêt amazonienne selon certaines cartes).

Passer la frontière se fait très facilement pour un Brésilien, tranquillement pour une Française... mais illégalement pour une Équatorienne. En effet, Diana aurait dû avoir un visa ! 
 
Un comble selon notre pote vénézuélienne Dési : « Alors que 20 % de la population est partie chercher une vie meilleure à l'étranger, ils font la fine bouche pour laisser entrer du monde. Ils ne manquent pas d'air !! »
 
Heureusement, notre agent, qui connaît bien les douaniers, s'est arrangé et tout a fini par rentrer dans l'ordre. Une seule mise en garde : ne pas aller à Caracas. 
 
Et Diana de bougonner intérieurement, un poil énervée : « Comme si j'en avais envie, alors que j'ai une résidence en Europe et au Brésil !! » 
(la frustration peut parfois rendre un chouïa arrogant)

 


Cette frontière est à la fois très visible et peu ressentie.

D'un côté, c'est une zone très surveillée par de nombreux policiers et militaires, de chaque côté. Étonnamment, la route était meilleure au Vénézuéla. Mais la différence la plus flagrante fut musicale : MPB/sertaneja/samba d'un côté, reggaeton de l'autre. Sans transition aucune.

Et d'un autre côté, le changement de pays se fait presque imperceptiblement : la plupart des gens comprennent la langue du voisin et les reais sont acceptés de partout. Les mouvements de population se font dans les deux sens, certains Vénézuéliens ayant commencé à rentrer (merci Poupou d'avoir rendu le pétrole vénézuélien politiquement acceptable).
 
 
Bon... assez d'histoires et place aux 
 

>>> PHOTOS <<<

 


 

Laissez-vous guider par les colibris et n'ayez pas peur des cris des guácharos (ils ne sortent jamais de leurs grottes) !



À très vite pour d'autres aventures !