15 décembre 2021

Anne-Marthe Hydrographe XIX

Ou Des Aventures de Nounouche en Sibérie   

 

L'année 2022 est déjà bien lancée, et toujours pas de bilan sur l'année 2021 ? 

À peine 2 articles pour décrire l'An 2 de l'Ère Covid !! 

Pas une mention sur les 10 ans de ce blog ?? (créé en plein Web 2.0 alors que nous en serions déjà au Web 4.0, vous pardonnerez donc l'organisation et la mise en page un peu désuètes auxquelles je tenterai de remédier un jour de pluie...)

Les étudiants sont-ils si occupés de nos jours ?!? 

En fait, les horaires light de la fac sont-elles un mythe ?!? 

Je ne me lancerai pas dans ce débat aussi épineux que le pass vaccinal, mais antidaterai cet article pour mettre les archives à jour...

 

 

Nous nous étions quittés à la toute fin du mois de juin : je venais de finir mes stages et les vacances d'été commençaient. 

Alors :

- j'ai bien validé mes deux premières années de master (le LEA et le FLE), ouf !

- j'ai reçu une réponse positive pour un éventuel stage de fin d'études (vous devriez en savoir plus très prochainement) 

- mais surtout, j'ai trouvé un super job d'été : Boskalis m'a réengagée pour deux mois...

 



Passons les gros moments de stress et les pics d'organisation (le visa, les contrats, qui prend les risques que tout s'annule au dernier moment pour raison Covid ou autre - moi bien sûr !, le vaccin, la quarantaine...) qui ponctuèrent la totalité du mois de juin et les deux premières semaines de juillet (je suis suivie par un cardiologue depuis) pour nous concentrer sur le fun

Pourquoi aller cartographier la Méditerranée (ou à la limite la Mer du Nord) avec un vrai bateau de survey alors que je pourrais faire des levés hydrographiques avec une drague de 150 mètres de long à l'autre bout de la planète ?

Car il est certes beaucoup plus sympa de se mettre des défis (n'oublions cependant pas que faire preuve de logique géographique n'est pas le point fort de Boskalis), mais peut-être aussi parce que :

 


1. Mon collègue Roman (et compagnon de soirée à Carthagène) en avait ras-le-bol de bosser depuis deux mois alors qu'on lui avait promis "une mission courte, deux semaines au plus..." 

 

2. Prendre un vol domestique de 8 heures après deux vols internationaux de 1h30 et 3 heures, c'est improbable...


3. ...mais pas autant que devoir faire trois PCR sur un seul trajet car le transport est si long que les résultats des tests périment en cours de route (oui-oui, j'en ai fait trois : un à Chambé avant de partir, un à Moscou pendant l'escale et un à Ioujno à l'arrivée !)


4. Savoir qu'il existe une ville qui s'appelle Ioujno-Sakhalinsk, c'est classe ! 

 

Ioujno-Sakhalinsk, juillet 2021

 

5. Comprendre que la distanciation physique est un concept relatif, c'est utile, tout comme réaliser que cinq jours de quarantaine stricte et des gestes barrières dûment respectés (pour sauver le soldat Roman) peuvent être ruinés dès le début d'un voyage (cf. les salles d'embarquement bondées de Moscou ou la cabine d'un train de nuit partagée avec trois inconnus)

 

6. Prendre ce "transsakhalinien" qui date sûrement d'avant Staline, de nuit, avec des potes de cabine (vaccinés au Spoutnik aurait-il semblé), ça n'a pas de prix !

 

Train Ioujno-Nogliki, juillet 2021

7. Aussi parce que découvrir le Prins, l'une des plus grosses dragues de Boka, fer de lance de la flotte avec le Queen, ça vaut le coup. C'est, jusqu'à présent, le bateau le plus confortable sur lequel j'ai travaillé ! 

Quitte à être bloquée en mer, autant que ça soit ici : la bouffe est bonne, l'équipage est cool, les cabines sont spacieuses, le gymnase est grand et il y a même un bar avec grand écran et des téras de films. Les philippins tiennent des années ici (et de toute façon, avec leur système de deux semaines de quarantaine à chaque voyage inter-île, autant qu'ils restent bosser s'ils ne veulent pas passer leurs vacances en isolement...)

 

8. Faire ma première mission freelance dans un environnement familier, c'est un luxe : on connaît toujours du monde et on reprend vite ses habitudes. 

 


Mais en vrai, à quoi ressemblait cette mission ???

Voici une petite sélection de photos dans le traditionnel album commenté :


 

 

Évidemment, tout n'a pas été rose : les responsabilités furent plus grandes que prévu, je suis rentrée avec presqu'un mois de retard (j'ai donc loupé trois semaines de cours et les retrouvailles au bar, damnit!), le voyage retour fut épuisant (12 heures rien que pour descendre du Prins et rallier la côte) et la reprise des cours encore plus (10 semaines embarquées sont normalement suivies de 10 semaines de repos, ça n'est pas pour rien, les Pays-Bas n'étant pas connus pour leurs congés payés...) Mais on trouvera difficilement un meilleur job d'été pour une étudiante !

Loin de me plaindre, je me considère plutôt extrêmement chanceuse d'avoir accès à de telles opportunités et envisage de continuer ces petites missions ponctuellement lorsque cela m'est possible : quoi de mieux qu'un break en mer et des mesures hydros pour se remettre d'un ou deux semestres de cours (pris ou donnés d'ailleurs) ?

Le plus drôle dans tout ça fut peut-être ma reprise à la fac. Revoir mes potes après presque six mois d'interruption (entre les partiels, les stages et les "vacances" prolongées) m'a fait très plaisir, de même qu'être l'objet de leur admiration (candide et infondée) pour ma "mission" (qui ne pouvait être qu'humanitaire pour une étudiante en ACAH). 

Lorsque j'ai ironiquement expliqué avoir aidé Poutine à mieux extraire "son" gaz naturel pour nous le vendre au prix fort cet hiver, je me suis alors souvenue qu'il n'y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéïenne...