16 novembre 2022

Monte Roraima

Ces derniers mois au Brésil ont été très riches en évènements : reprise des cours, campagne électorale, vacances de Toussaint, élections présidentielles, Coupe du Monde, despedidas, grand nettoyage de notre appartement, remise des clés... et départ en Équateur, où nous avons prévu de passer un peu plus de deux mois, pour célébrer les fêtes de fin d'année avec la famille de Diana et rattraper le temps perdu à cause de la pandémie.

 

Mon bureau à Vilca pour les 2 prochains mois : calme, vue et WiFi !

 

Maintenant que je suis bien installée à Vilca et remise de notre périple (et du repas de Noël : porc, riz, tarte-maison et vin apporté par Álvaro - maintenant qu'il est curé, il a ses fournisseurs...), j'ai enfin eu le temps de trier les photos de nos dernières vacances : 7 jours de trek au Mont Roraima, une montagne que je rêvais de découvrir depuis mon adolescence.
 

Pour ceux qui ne savent pas où se trouve le Mont Roraima, ne retenez qu'une seule chose : c'est LOIN. 

Même si on est déjà en Amérique du Sud. 

Le plus pratique est de rejoindre une agence à Boa Vista (capitale de l'État du Roraima, à plus de 3.000 km de Recife, soit la distance Paris-Moscou) puis de se laisser porter.


 

Pas de vol direct Recife - Boa Vista malheureusement...

 

Pour ceux qui n'ont pas vu Là-Haut ou lu Le monde perdu de Conan Doyle, sachez que le Mont Roraima est l'une des plus hautes montagnes tabulaires qui parsèment le plateau des Guyanes. Son sommet, d'environ 30 km², est à la frontière entre le Vénézuéla, le Guyana et le Brésil.

 

Image extraite de Là-Haut (2009)

 

Ces montagnes singulières (comme des hauts-plateaux) sont appelées tepuys (montagnes en pemón) et sont considérées comme sacrées par les autochtones. Les tepuys seraient en effet la résidence des dieux, et de nombreuses légendes expliquent leur histoire.

 

De G à D :
Wadakapiapué-tepui (le petit)
Yuruaní-tepui (le plus au fond)
Kukenán-tepui (celui dont le sommet paraît oblique)
Mont Roraima (le plus à droite)


Le mythe taurepán (la tribu pemón qui vit près du Roraima) explique la naissance des Tepuys Orientaux de la façon suivante (version raccourcie) :
 
Il était une fois un arbre immense qui contenait tous les fruits du monde. Cet arbre était gardé par Makunaima. Mais un jour, alors que Makunaima dormait, son petit frère décida de couper l'arbre afin de garder tous les fruits pour lui. Lorsque Makunaima se réveilla et qu'il découvrit son frère en train de couper l'arbre, il tenta, en vain, de l'en empêcher en jetant un sort. Malheureusement, l'arbre se fendit en deux, de haut en bas, puis se brisa, chaque moitié tombant de chaque côté.
 
Les tepuys seraient alors les bouts du tronc :
- Yuruaní, Kukenán et Roraima d'un côté, 
- Karaurín, Tramen et Ilú de l'autre, 
- tandis que Wadaka correspondrait à la souche de cet arbre originel géant. 
 
De la souche de l'arbre jaillit alors un fleuve immense, qui inonda la plaine, et donna naissance au réseau très dense de rivières qui parcourent cette région (une eau extrêmement pure, par ailleurs, que l'on a bue pendant toute notre rando !!)

Voici la version détaillée racontée par notre guide Manuel (en portugais) :

 

 

Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec ce petit cours que j'ai suivi en achetant les cadeaux de Noël...


Source

 

Mais pour admirer ces roches (parmi les plus anciennes au monde, presque 2 milliards d'années !!), il n'y a qu'un seul accès : côté vénézuélien. Les autres versants (guyanais et brésilien) sont bordés par une forêt tropicale très dense (un prolongement de la forêt amazonienne selon certaines cartes).

Passer la frontière se fait très facilement pour un Brésilien, tranquillement pour une Française... mais illégalement pour une Équatorienne. En effet, Diana aurait dû avoir un visa ! 
 
Un comble selon notre pote vénézuélienne Dési : « Alors que 20 % de la population est partie chercher une vie meilleure à l'étranger, ils font la fine bouche pour laisser entrer du monde. Ils ne manquent pas d'air !! »
 
Heureusement, notre agent, qui connaît bien les douaniers, s'est arrangé et tout a fini par rentrer dans l'ordre. Une seule mise en garde : ne pas aller à Caracas. 
 
Et Diana de bougonner intérieurement, un poil énervée : « Comme si j'en avais envie, alors que j'ai une résidence en Europe et au Brésil !! » 
(la frustration peut parfois rendre un chouïa arrogant)

 


Cette frontière est à la fois très visible et peu ressentie.

D'un côté, c'est une zone très surveillée par de nombreux policiers et militaires, de chaque côté. Étonnamment, la route était meilleure au Vénézuéla. Mais la différence la plus flagrante fut musicale : MPB/sertaneja/samba d'un côté, reggaeton de l'autre. Sans transition aucune.

Et d'un autre côté, le changement de pays se fait presque imperceptiblement : la plupart des gens comprennent la langue du voisin et les reais sont acceptés de partout. Les mouvements de population se font dans les deux sens, certains Vénézuéliens ayant commencé à rentrer (merci Poupou d'avoir rendu le pétrole vénézuélien politiquement acceptable).
 
 
Bon... assez d'histoires et place aux 
 

>>> PHOTOS <<<

 


 

Laissez-vous guider par les colibris et n'ayez pas peur des cris des guácharos (ils ne sortent jamais de leurs grottes) !



À très vite pour d'autres aventures !