Quelques mois sabbatiques au pays de la samba
- Pour une version moyenne-longue sans mes élans de réflexion, cliquez ICI
- Pour "juste" voir les photos, c'est >>> LÀ <<<
- Pour ceux qui ne sont intéressés ni par le Brésil ni par ma vie (ce que je comprendrais parfaitement) et qui souhaitent se détendre 5 minutes, je vous conseille le site divertissant et interactif suivant: www.expressions-ringardes.com
Les raisons qui ont motivé ce voyage sont nombreuses: besoin de me retrouver, de savoir si je suis prête à me sédentariser (un peu), de faire des trucs égoïstes rien que pour moi sans avoir personne dans les pattes (paf! ça c'est dit), de me détacher du boulot (pour ceux qui pensent que je fais du tourisme, on discutera en message privé...), d'apprendre une nouvelle langue, de faire de nouvelles rencontres (il paraît que notre cercle d'amis diminue à partir de 25 ans!), de poursuivre mon tour d'Amérique Latine (ça fait combien... 5 ans que j'essaie d'arriver à Ushuaia ?!?), de découvrir et tenter de comprendre ce pays si complexe dont tout le monde parle...
Bref. De prendre le temps de vivre, et vraiment profiter du présent.
Bref. De prendre le temps de vivre, et vraiment profiter du présent.
"Dans la vie, on ne regrette que ce qu'on n'a pas fait"
Jean Cocteau
Alors voilà, le 4L Trophy bouclé, les sponsors remerciés, l'équipement emprunté rendu, le reste stocké dans la cave à Chambé ou dans le garage à Pont, me voilà partie en blablacar pour quelques jours de retrouvailles à Paris...
#parrainmercidetretoujoursdispoauderniermoment
#jaidecouvertlepalaisdetokyoetpleindautrestrucsquejeneconnaissaispasmercimaziaetsarah
#laurencejaitonfiltreacafe
#mariejattendslespresentationsofficielles
#sarahcestcommentlenepal
#cedricmercipourtonhospitaliteprolongeetumavaismanque #maziacesttropbonlespastelsdenatamercidenousavoirpresente
...d'où je m'envolerai pour Recife un samedi. Comme ça, dimanche, je me repose et découvre la ville avec une hôte de CouchSurfing, et serai toute fraîche pour le début de mes cours lundi matin (et mon surf lundi aprem).
C'était sans compter sur l'attentat d'Orly (et les requins de Recife). Mon séjour parisien a donc été prolongé de 24 heures (Cédric était ravi, il n'avait rien à faire ce week-end-là à part plumer ses collègues au poker). Et je suis donc arrivée 8 heures avant le début des cours (ouf! la ponctualité familiale était respectée!)
C'était sans compter sur l'attentat d'Orly (et les requins de Recife). Mon séjour parisien a donc été prolongé de 24 heures (Cédric était ravi, il n'avait rien à faire ce week-end-là à part plumer ses collègues au poker). Et je suis donc arrivée 8 heures avant le début des cours (ouf! la ponctualité familiale était respectée!)
Mais je m'égare... Le Brésil donc... Vous pensez foot, Rio et samba n'est-ce pas ? Ronaldo et l'Amazonie ? En poussant un peu, on dira paradis tropical, en plein développement économique (le B de BRICS, c'est pas pour Bostwana), JO, coupe du monde et favelas ? En tout cas, c'est à peu près tout ce que je savais avant d'y mettre les pieds. Et pas un mot de portugais.
J'ai découvert un pays complexe qui m'a fascinée, aux contrastes saisissants et difficiles à appréhender:
- où les sports nationaux sont le foot et la corruption (Petrobras n'a aucune raison d'être en faillite... les caisses sont vides simplement parce que tout le monde s'est servi ! C'est ouf je trouve !! Quand on vole, autant être discret et en laisser un peu pour pas trop que ça se voit, non ?!? )
- où chaque état est grand comme un pays d'Europe (l'état de Bahia est grand comme la France, l'état de Minas Gerais aussi, l'état d'Amazonas fait 3 fois la France...)
- où les gens respirent la joie de vivre et/ou sont mortifiés par l'insécurité (c'est le chat de Schrödinger: on sort boire des coups et danser ET on reste planqué après le coucher du soleil car très certainement des drogués en manque armés jusqu'aux dents attendent sur le seuil de la porte d'entrée...)
- où l'on peut élire une femme à la tête du pays ET accepter le machisme quotidien sans sourciller ("c'est dégueulasse qu'ils aient viré Dilma... mais attends je te laisse, il faut vite que j'aille faire à manger, mon mari va bientôt rentrer")
- où la société s'enorgueillit de sa diversité culturelle et son métissage indigène, africain et européen, mais reste profondément raciste (plus d'infos ici)
- où la population est si accueillante et le service tellement pitoyable
- où les élans révolutionnaires sont pensés, imaginés, expliqués, discutés, débattus, proposés, préparés, organisés... et finalement sabotés par un week-end prolongé ou une partie de foot sur la plage ("Notre gouvernement est tellement corrompu, il faut virer tout le monde et recommencer à 0... mais qu'est-ce qu'on peut y faire... tiens, ma cousine organise un barbecue ce week-end, tu viens?" )
Dans Reaching For The Moon (un film de Bruno Barreto sorti en 2013), Elizabeth Bishop trouve les mots justes (c'est son boulot ceci dit) pour décrire cette ambivalence tout-à-fait brésilienne. Attention, cet extrait en anglais et portugais dure 4 minutes; si un jour je m'ennuie très fort, je ferai des sous-titres.
TOP 10 des meilleurs moments
(ordre chronologique)
1) Tournée des bars à Olinda
La belle Olinda pourrait paraître bien trop tranquille pour des citadins habitués au tohu-bohu des grandes villes. Pourtant, on y trouvera un certain nombre de bars et petits restaurants animés. Ce qui semble tout-à-fait inattendu face à la placidité presque inquiétante des coins stratégiques de la ville aux alentours de midi.
Le meilleur moyen de découvrir la ville est une petite tournée des établissements, en suivant la musique. Il se pourrait qu'il y ait plus de choix les vendredis ou samedis soirs, mais les mardis, ça marche aussi, et les jeudis pour prolonger les Happy-Hours de l'école aussi... bref. Vous comprendrez que peu importe le jour, le tout est d'être motivé et bien accompagné ;)
Le meilleur moyen de découvrir la ville est une petite tournée des établissements, en suivant la musique. Il se pourrait qu'il y ait plus de choix les vendredis ou samedis soirs, mais les mardis, ça marche aussi, et les jeudis pour prolonger les Happy-Hours de l'école aussi... bref. Vous comprendrez que peu importe le jour, le tout est d'être motivé et bien accompagné ;)
Alors commencez par une caipirinha sur l'Alto da Sé, peu avant le coucher du soleil, profitez de la vue magnifique sur Olinda et Recife au loin, puis suivez les pentes et laissez-vous guider par la musique.
2) Buggy dans les dunes de Natal
Rien de tel qu'un week-end de 3 jours (et de copains qui ont une voiture et des idées) pour fêter la fin des cours et mon départ vers de nouveaux horizons.
Ana avait prévu l'hôtel et le lapin en chocolat (c'était le week-end de Pâques), Luan sa planche de sandboard, Claudio sa voiture, et Lucy gérait la communication.
Moi? J'ai suivi, beaucoup dormi, mangé, bu, grimpé dans un buggy, fait du sandboard, vu des belles plages, des grandes falaises rouges et un arbre tellement grand qu'on aurait dit une forêt (et non, je n'étais pas sous l'effet de la drogue, voyez plutôt).
Autant vous dire qu'heureusement que j'étais là, le groupe ne s'en serait pas sorti sinon...
Moi? J'ai suivi, beaucoup dormi, mangé, bu, grimpé dans un buggy, fait du sandboard, vu des belles plages, des grandes falaises rouges et un arbre tellement grand qu'on aurait dit une forêt (et non, je n'étais pas sous l'effet de la drogue, voyez plutôt).
Autant vous dire qu'heureusement que j'étais là, le groupe ne s'en serait pas sorti sinon...
3) Vivre à Salvador
Mon séjour dans le quartier de Barra était rythmé par mes petites habitudes. En coloc avec une vraie brésilienne et une sud-africaine quasi brésilienne, cours le matin, sorties l'aprem, ma série Justiça dans mon hamac le soir... Retour sur quelques moments mémorables.
Découvrir Pelourinho (le centre historique de Salvador) tranquillement, s'arrêter au gré des expos, des rues traversées ou des gens rencontrés, repartir dans la direction opposée, attendre un bus qui ne vient jamais puis partager un taxi à l'improviste avec 3 inconnus.
Apprécier une Antarctica (Original) bien fraîche en marchant le long du front de mer, et regarder les parties de foot intergénérationnelles sur la plage.
Apprécier une Antarctica (Original) bien fraîche en marchant le long du front de mer, et regarder les parties de foot intergénérationnelles sur la plage.
Ou encore courir en fin d'aprem, de Campo Grande à Barra, en écoutant Dança Kizomba, avec une vue imprenable sur la baie de Tous les Saints.
S’initier au stand-up paddle (tranquille) et au surf-ski (mes muscles se crispent rien qu'en y repensant) à Porto da Barra.
Ou bien re-croiser tout-à-fait par hasard à ma surf-shop Felipe, ce jeune étudiant qui m'avait aidé à trouver un arrêt de bus quelques jours plus tôt, puis se mettre à discuter des heures et boire une bière ensemble derrière le phare de Barra.
Sans oublier les mardis soirs, où tous les CouchSurfers de la ville se retrouvent à Pelourinho: rencontres et musique de rue dans le décor historique de They Don't Care About Us...
4) Rando dans la Chapada Diamantina
Un trek magnifique, avec mon guide coooooool et alternatif Caetano, pour découvrir une vallée perdue, la vallée du Pati.
C’est en prospectant de nouvelles sources d’eau, lors d’une période de grande sécheresse, que le Pati fut découvert puis habité. Cette vallée devint ensuite trop renommée pour son excellent café: lors de la République Café au Lait (république brésilienne de 1889 à 1930 monopolisée par les oligarchies pauliste – productrice de café – et du Minas Gerais – productrice de lait), le gouvernement paya les agriculteurs du Pati pour mettre fin à leur production agricole, et laisser ainsi le monopole aux plantations des états de São Paulo et Minas Gerais.
À présent, les habitants n'ont toujours pas le droit de cultiver (législation du parc national) et vivent du tourisme, en accueillant les randonneurs dans leurs maisons. J'ai eu l'impression que seule Dona Raquel, une vieille dame chez qui nous avons dormi 2 nuits, a contribué au peuplement de cette vallée isolée: chaque personne rencontrée, ou maison aperçue, était, ou appartenait à "un fils de Dona Raquel" me disait Caetano. Il faut dire qu'elle en a eu 14 (à peu près).
Caetano m'a également soutenu que ce trek est le 2ème plus beau au monde, le 1er étant un truc (probablement bateau) en Nouvelle-Zélande. Sans être méchante, je n'ai trouvé aucun classement qui mentionne le Pati. Mais tant mieux! Moins il est connu, plus le parc sera préservé. Et restons indulgents: Caetano n'a jamais traversé le Vercors ni vu le saut de la Drôme...
C’est en prospectant de nouvelles sources d’eau, lors d’une période de grande sécheresse, que le Pati fut découvert puis habité. Cette vallée devint ensuite trop renommée pour son excellent café: lors de la République Café au Lait (république brésilienne de 1889 à 1930 monopolisée par les oligarchies pauliste – productrice de café – et du Minas Gerais – productrice de lait), le gouvernement paya les agriculteurs du Pati pour mettre fin à leur production agricole, et laisser ainsi le monopole aux plantations des états de São Paulo et Minas Gerais.
À présent, les habitants n'ont toujours pas le droit de cultiver (législation du parc national) et vivent du tourisme, en accueillant les randonneurs dans leurs maisons. J'ai eu l'impression que seule Dona Raquel, une vieille dame chez qui nous avons dormi 2 nuits, a contribué au peuplement de cette vallée isolée: chaque personne rencontrée, ou maison aperçue, était, ou appartenait à "un fils de Dona Raquel" me disait Caetano. Il faut dire qu'elle en a eu 14 (à peu près).
Caetano m'a également soutenu que ce trek est le 2ème plus beau au monde, le 1er étant un truc (probablement bateau) en Nouvelle-Zélande. Sans être méchante, je n'ai trouvé aucun classement qui mentionne le Pati. Mais tant mieux! Moins il est connu, plus le parc sera préservé. Et restons indulgents: Caetano n'a jamais traversé le Vercors ni vu le saut de la Drôme...
Cachoeira da Fumaça, Chapada Diamantina |
5) La confiance des campagnards
Oui, ça mérite d'être dans le Top 10. Car entre la côte mortifiée par l'insécurité et l'intérieur du pays où tout baigne, il y a un monde (7 heures de bus en fait). Quelques anecdotes...
Un soir, dans le village de Capão, au cœur de la Chapada, je suis tombée à court de liquide pour payer ma pizza et mon verre de vin, 41 ou 42 réais au total. Je comptai donc sur ma carte, qui n'est malheureusement pas passée. J'ai alors proposé d'aller en chercher une autre à mon hôtel. Même histoire.
"Pas de problème, repassez demain pour payer, on ré-essaiera."
"Ah bon? Vous voulez que je laisse une garantie, un numéro de téléphone, l'adresse de mon hôtel?"
Des yeux surpris puis un sourire bienveillant accompagnèrent un "Naaaaaaah, pas besoin"
Le lendemain, après une véritable partie de chasse pour coincer un responsable capable d'encaisser,
(et je vous épargnerai l'innocent "combien?")
(un bon français aurait dit "10 réais", n'est-ce pas?)
même soucis; problème de machine à priori.J'ai donc fini par mettre 40 réais (c'est eux qui ont insisté) sur leur compte à la supérette d'en face (ma carte passait là-bas).
Pas stressés les mecs.
Pas bien |
Une fois, je n'ai même pas pu payer le-dit hôtel car ce soir-là, aucun terminal de paiement ne fonctionnait dans tout le village. Un problème de réseau cette fois-ci. Donc même la technique de la supérette ne marchait plus.
J'étais donc résolue à prolonger une nouvelle fois mon séjour de 24 heures (la première fois, c'était parce que c'était dimanche et que le dimanche, aucun bus ne fonctionne, hehe) pour partir en ville avec l'un des trois bus du matin (l'aprem y en a pas). Retirer puis revenir payer mon hôte me prendrait une bonne demi-journée et me coûterait donc une nouvelle nuit d'hôtel.
"Non" me garantit l'aubergiste, un argentin marié à une brésilienne, qui lui-aussi eut un paquet d'enfants, maintenant disséminés dans tout le village (l'une a un restau, un deuxième une agence de tourisme, les autres sont guides et/ou aident à l'hôtel familial... une famille trop cool !!)
"C'est mon problème si tu ne peux pas utiliser ta carte, donc si tu dois aller en ville pour moi, je ne te ferai pas payer la nuitée additionnelle."
Moi qui m'attendais à un sermon ("Il faut toujours avoir plusieurs moyens de paiement avec soi, débrouillez-vous") ça m'a fait tout drôle (et puis d'abord j'avais deux moyens de paiement: une Visa et une Mastercard...)
Finalement, ma carte est passée chez le fiston (celui qui a une agence de guide, un T-Shirt Rhône-Alpes et fait du parapente à la Coupe Icare) car son terminal était son iPhone connecté à Internet... claaaaasse !!
Bien |
Il y eut aussi ce chauffeur de moto-taxi (oups! j'ai fait un peu de moto... pardon maman! mais j'avais un casque hein!) qui a proposé de m'attendre le temps de ma course.
Vu le monde, je lui ai dit "Nan c'est bon, vous pouvez y aller"
Il m'a alors expliqué où le retrouver puis est parti sans crier gare. J'avais encore l'argent dans les mains...
Bref. Les gens font confiance, et ça fait du bien.
6) Les transports en commun à BH
Lorsque j'apprends que Belo Horizonte n'est pas desservie mais juste contournée par mon gros car intergalactique (Damned! On m'aurait menti ?!?), l'un des responsables d'escale me prend sous son aile, m'explique la situation, et ordonne au chauffeur de me mettre lui-même dans un taxi collectif ou un bus municipal à hauteur de BH pour s'assurer qu'il ne m'arriverait rien...
Il faut dire que les pronostics étaient d'arriver vers BH aux alentours de 4 heures du matin, et j'étais moyen-chaude pour me retrouver en bord d'autoroute à une heure pareille avec toutes mes affaires.
Enfin... en vrai, il l'a dit au chauffeur qui l'a re-dit à son collègue qui l'a lui même répété au suivant (les chauffeurs de bus longue distance ne travaillent jamais plus de 6 heures d'affilée). Un sacré téléphone arabe qui aurait pu se terminer par
"la norvégienne du fond du bus veut s'arrêter à Brazilia, colle-la sur un tracteur trans-amazonique dès que tu peux"
Mais non! Je veillais au grain! Et à chaque changement de chauffeur, j'allais taper la discut' et m'assurer qu'il ne m'oublierait pas.
Le dernier m'a même invitée à m’asseoir devant avec lui. Nous avons parlé pendant une heure avant qu'il me laisse sur le bord de l'autoroute vers 8 heures du matin (heureusement, on avait pris du retard) avec mes sacs et la consigne de faire de grands signes à tous les bus municipaux qui passaient par là, jusqu'à ce que l'un d'eux me confirme aller en direction du centre. Dix minutes plus tard, je montai dans un nouveau magicobus, très digne, en faisant genre tout est normal, sous les regards étonnés et endormis des passagers.
D'une manière générale, j'ai été agréablement surprise par les bus en ville. Aucun soucis pour m'y retrouver grâce aux indications des filles de l'office du tourisme (le premier vraiment efficace que j'ai trouvé au Brésil; une super idée post coupe du monde j'ai cru comprendre...) Preuve irréfutable: je n'ai jamais utilisé Uber à Belo Horizonte! Par contre, il faut bien entendu être patient. Mais moi, j'avais tout mon temps. Et des besoins ponctuels.
Miriam, une avocate qui travaille à la cité administrative (où siège le gouvernement fédéral, à une petite vingtaine de kilomètres du centre), a détruit mes illusions lorsqu'on a commencé à parler en attendant le MOVE (nouveau réseau de bus plus rapides à BH): oui, les nouveaux transports, tout beaux tout neufs, en jettent plein la vue, mais il ne faut pas se voiler la face: ça plaît aux touristes et aux investisseurs, mais pas aux usagers, car ils ne sont pas fonctionnels. Plus de 15.000 personnes travaillent à la cité, et il y a un MOVE par heure, parfois deux aux heures d'entrée et sortie des bureaux, c'est beaucoup trop peu. De plus, les agressions y sont nombreuses le soir.
Aouch! On aurait dit moi me plaignant de la SNCF auprès d'un hollandais qui a pris le TGV Paris-Lyon deux fois dans sa vie:
"Nan mais vraiment tu exagères, les trains français sont formidables, ponctuels, rapides, propres, blablabla..."
Certes. Passe deux ans sur le Pont-de-Beauvoisin - Chambéry et on en reparle (abruti).
7) Vivre à Ouro Preto
Je me suis vite sentie à l'aise dans cette magnifique ville coloniale posée sur les montagnes, à deux heures de bus de BH. Après avoir laissé mes affaires dans une petite pension très bon marché, perdue dans la forêt, mais tout près de la gare routière, et avec une vue fabuleuse sur la ville (que demande le peuple?), je suis descendue impatiemment de ma colline pour arpenter les rues pavées de la ville.
J'y ai trouvé un café-bar avec de la super musique live près de la belle place Tiradentes, et en ai fait mon QG pour le reste de mon séjour.
Il y avait aussi un ciné gratos dans les locaux de l'ancien théâtre, probablement construit début XXe.
Marina, la carioca qui tenait la pension, m’expliqua que les habitants sont plus renfermés ici (mais bon, je crois que quelqu'un de Rio trouverait même les ibiziens introvertis). Car la ville fut marquée par une histoire violente et triste. J'ai compris ce qu'elle voulait dire en visitant une mine cachée derrière une maison en plein centre-ville.
"Il y en a des centaines comme ça, Ouro Preto, c'est un gruyère!" m’expliqua un guide passionnant.
À Ouro Preto, j'ai aussi renoué avec des températures plus fraîches, le brouillard et le crachin. Youpiii!
Nous sommes en altitude évidemment, mais c'est aussi l'automne maintenant. Ma descente dans le Sud va de pair avec des saisons (un peu) plus marquées. Mais les brésiliens, comme les équatoriens, ne sont pas tristes quand il pleut: c'est bon pour la terre !
J'y ai trouvé un café-bar avec de la super musique live près de la belle place Tiradentes, et en ai fait mon QG pour le reste de mon séjour.
Il y avait aussi un ciné gratos dans les locaux de l'ancien théâtre, probablement construit début XXe.
Marina, la carioca qui tenait la pension, m’expliqua que les habitants sont plus renfermés ici (mais bon, je crois que quelqu'un de Rio trouverait même les ibiziens introvertis). Car la ville fut marquée par une histoire violente et triste. J'ai compris ce qu'elle voulait dire en visitant une mine cachée derrière une maison en plein centre-ville.
"Il y en a des centaines comme ça, Ouro Preto, c'est un gruyère!" m’expliqua un guide passionnant.
À Ouro Preto, j'ai aussi renoué avec des températures plus fraîches, le brouillard et le crachin. Youpiii!
Nous sommes en altitude évidemment, mais c'est aussi l'automne maintenant. Ma descente dans le Sud va de pair avec des saisons (un peu) plus marquées. Mais les brésiliens, comme les équatoriens, ne sont pas tristes quand il pleut: c'est bon pour la terre !
8) Road-trip à Minas
Face au manque de transport en commun dans cette région plutôt reculée, j'ai décidé de louer une voiture pour me rendre dans le Caparaó, une chaîne de montagnes entre les états de Minas Gerais et Espírito Santo. Je comptais seulement y marcher un peu. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris une vallée magnifique couverte de caféiers, à perte de vue !
Bien entendu, dès que l'on s'approche du village d'Alto do Caparaó, une multitude de panneaux annoncent que "le meilleur café du Brésil est cultivé ici" (sous entendu "et pas à São Paulo, nah!")
Je me suis régalée en parcourant l'unique piste de la vallée à la recherche d'un torréfacteur dispo pour me faire goûter son café. J'ai enfin trouvé une dame super sympa qui m'expliqua, lorsque je lui désignai la vieille Coccinelle qui trônait dans sa cour, qu'ils comptaient la réaménager pour la cueillette: ils restent les meilleurs véhicules pour circuler sur les pentes ardues des plantations !
Bien entendu, dès que l'on s'approche du village d'Alto do Caparaó, une multitude de panneaux annoncent que "le meilleur café du Brésil est cultivé ici" (sous entendu "et pas à São Paulo, nah!")
Je me suis régalée en parcourant l'unique piste de la vallée à la recherche d'un torréfacteur dispo pour me faire goûter son café. J'ai enfin trouvé une dame super sympa qui m'expliqua, lorsque je lui désignai la vieille Coccinelle qui trônait dans sa cour, qu'ils comptaient la réaménager pour la cueillette: ils restent les meilleurs véhicules pour circuler sur les pentes ardues des plantations !
À la différence de chez nous où l'on a tendance à éviter le sujet (surtout avec les gens que l'on ne connait pas), ici, c'est un thème du quotidien que j'ai abordé avec mes profs, la dame du bureau de poste, un voisin de bus, un coloc de pension, des hôtes AirBnB...
Le pays est en crise, tout le monde le répète. En plus de l'insécurité, qui a grimpé en flèche depuis que le nombre de policiers a été réduit (certains quartiers, devenus sûrs au prix de nombreux efforts ces dernières années, ont été délaissés par les services publics et sont redevenus le terrain de jeux des trafiquants de drogue), j'ai remarqué un manque cruel de fonctionnaires: aux bureaux de poste, dans les musées ou encore à l'entrée des parcs naturels (certains sont même tout simplement fermés, tel le parc d'Itacolomi, près d'Ouro Preto... on ne m'a pas laissée entrer... snif!) Ces derniers mois, les fonctionnaires de l'état de Rio ont été payés avec beaucoup de retard, et parfois que partiellement. Cela semble particulièrement injuste lorsque presque chaque semaine est révélé un nouveau scandale impliquant une quantité astronomique d'argent détourné par les politiques.
J'ai adoré leur admiration pour notre façon de faire la grève. Il paraît que nous, on sait bien la faire. Ouais, de vrais professionnels. On le dit, et on la fait. Alors que leur pseudo grève générale du 28 avril, une grande idée pour manifester contre la nouvelle réforme des retraites et plus généralement contre le gouvernement de Temer, a fait un flop pour une raison très simple: c'était un vendredi, juste avant un week-end prolongé par le lundi 1er mai. Tout le monde est donc parti en vacances.
[il faut dire qu'entre un week-end sympa avec ses proches ou risquer de se faire maltraiter pour défendre ses droits... je serai probablement la première à proposer d'aller faire les courses pour le barbeuc... malheureusement, j'ai tout-à-fait conscience que cela n'est ni constructif ni courageux... parfois je me dis que j'ai eu drôlement de la chance de naître en France en 88... si j'avais eu 20 ans en 1936 et du confronter les choix difficiles de l'époque et des années suivantes, j'imagine parfois que je n'aurais pas eu le courage de mes arrière grands-parents... j'espère seulement que si une situation extrême venait à me priver de mes libertés, un déclic libérera des hormones 'courage' capables de me guider un peu...]
C'est peut-être ça d'ailleurs, le moyen qu'ont trouvé les brésiliens pour vivre heureux: oublier et/ou d'accepter les situations douloureuses, et continuer à vivre ? Ou pour les plus chanceux, tenter sa chance ailleurs ? Lorsque tout paraît hors de contrôle et sans espoir, fuir le problème au lieu de le résoudre me semble légitime...
10) Rio
"On ne peut pas ne pas aimer Rio"
"Rio a quelque chose magique"
"La Ville Merveilleuse"
"La perle du Brésil"
..."Mais attention, sois très prudente"
En effet, chaque phrase commencée par "Rio" se terminait pas "dangereuse". Que les bouches soient brésiliennes ou non. Je crois même que toutes mes rencontres - toutes nationalités confondues - qui se sont fait voler au Brésil se sont fait plumé à Rio (mais bien entendu, les chanceux qui en sont à leur 3e ou 4e agression ont pu voir à l’œuvre d'autres artistes, à Salvador ou Recife...)
Hihihi, on dirait moi... j'ai choppé une grippe carabinée là-bas !! |
J'y suis donc allée avec des attentes plus hautes que Burj Khalifa et ma peur habituelle des séjours prolongés dans une grande ville, peuplée de délinquants assoiffés de sous et autres téléphones portables flambant neufs de surcroît.
Et.................................................. tout est vrai !
Nos (Diana m'avait rejoint) 8 jours là-bas sont passés à une vitesse supersonique.
On oublie les 12 millions d'habitants de la métropole: chaque quartier, souvent isolé par une plage et/ou une montagne, a son âme. Et une atmosphère différente.
Le mec en costard marche à côté du surfeur aux pieds plein de sable, et tous les deux entrent en transe en entendant de la samba.
C'est méga touristique et supra cher, mais il faut y aller au moins une fois dans sa vie.
***
Comme le disait JK (un président brésilien qui avait le bon goût de s'appeler Juscelino Kubitschek)
"Il est inutile de fermer les yeux devant la réalité. Si on le fait, la réalité ouvrira nos paupières et nous imposera sa présence"
Toutes mes questions n'ont pas eu de réponses, certaines pas les réponses escomptées. De nouvelles incertitudes se sont même ajoutées à ma (longue) liste de doutes. Et autant d'idées de trucs à faire à ma (encore plus longue) liste de choses-à-tenter-absolument-dès-que-possible.
Seule certitude: si jamais cette wanderlust est temporaire, elle risque de durer encore un peu...
Vous comprendrez sûrement en parcourant mes PHOTOS, bien méritées si vous avez réussi à me lire jusqu'ici. Comme d'hab, elles sont commentées, n'hésitez pas à faire de même !
Des bisous !
Hello Nana! J'aime beaucoup le photo-montage sous le delta-plane... On jurerait que c'est toi...
RépondreSupprimerEuh... C'est toi? A qui as-tu demandé la permission?... J'attends!
GREAT GREAT GREAT !!!
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