14 décembre 2014

Sur les traces des Incas

Enfin !! Après avoir lu 1.542 fois Les 7 boules de cristal et Le Temple du Soleil, quémandé le plus d'infos possibles auprès de chaque voyageur rencontré, épluché le Lonely Planet, planifié mon année sabbatique en conséquence sans avoir jamais eu le temps d'y arriver... et finalement avoir longtemps hésité face à l'ampleur touristique donnée au pays, j'ai décidé de laisser mes appréhensions de côté et me suis lancée.

Le Pérou étant immense, et à seulement quelques heures de bus de Vilca, j'ai décidé de découvrir ce pays par petits bouts, petit à petit, tranquillement, en prenant le temps, et en m'adaptant aux circonstances.

Ce premier chapitre péruvien s'intitule donc "Sur les traces des Incas" car notre premier aperçu du pays s'est fait à travers Cuzco et sa région, avec en bonus le Lac Titicaca.

Bon... pour parler franchement, le départ s'est révélé quelque peu désastreux, toutes nos affaires ayant été trempées par un orage monstrueux à Vilca (où nous avions passé une nuit afin de visiter la famille de Diana). C'est donc en tongs et maillot de bain (les seuls affaires sèches qui nous restaient) que nous avons pris l'avion, dormi quelques heures dans nos duvets encore humides de Cajas sur le sol froid de l'aéroport de Lima, et atterri quelques heures plus tard dans l'ancienne capitale inca, à 3.400 mètres d'altitude (donc nul de besoin de nous reposer pour nous acclimater, Cajas et Cuenca étant logés à la même enseigne que Cuzco ;)

Voici donc les meilleures photos commentées pour résumer nos aventures, en attendant une bonne soirée au coin du feu avec café, Tim Tam Slam * et chocolats pour les anecdotes croustillantes...

>>> les photos en cliquant ici <<<

* Découverte Darwinienne. Une démo est au programme lors de mon prochain passage en France. Inscriptions par e-mail nécessaires 1 semaine à l'avance. 

Bivouacs à Cajas

Avec un peu de retard, voici mes dernières photos d'Équateur, où je suis restée une semaine avant de partir en vacances au Pérou avec Diana.

J'ai passé les quelques jours pendant lesquels Diana travaillait encore pour me reposer et nous concocter une nouvelle aventure que je mijotais depuis déjà un long moment...

Diana (enfin) convaincue, cartes imprimées, GPS en cas d'imprévu installé sur le portable de Diana, batterie chargée à bloc, duvets chauds et petit réchaud à gaz testés et fourrés au fond du sac, courses faites, sans oublier ma bouteille de vin australien... nous voila fin prêtes pour la traversée de mon terrain de jeu favori (le parc national de Cajas pour ceux qui prennent ce blog en cours de route). 

Les presque 20 km peuvent se faire en une journée pour un bon marcheur, mais avoir la liberté de camper où nous souhaitons, et marcher 2 jours complets sans rencontrer personne, rend la traversée encore plus chouette (et Diana n'aurait jamais signé pour 12 heures de marche non-stop...)

Nous sommes parties de Cuenca en fin d'aprem, et avons marché juste une petite demi-heure après que le bus nous ait déposées au bord de la route, pour installer la tente à côté de la Laguna Negra, à 4.000 mètres d'altitude, et y passer notre première nuit. L'idée était en effet de nous réveiller au beau milieu du parc, et nous épargner les tracas du bus de bon matin... et c'est royal !!

Même si le soleil n'était pas au rendez-vous, nous n'avons pas eu de pluie, et pu apprécier toute la beauté dramatique du parc, avec ses innombrables lacs d'altitude, ses vallées encaissées, les forêts de polylepis qui laissaient place à une sorte de jungle de montagne très dense au fur et à mesure que l'on perdait de l'altitude. Et cerise sur le gâteau, le chemin est très bien balisé !


Le célèbre Chemin de l'Inca menant au Machu Picchu n'ayant pas voulu de nous, nous l'avons snobé et marché sur un autre chemin inca: celui qui connectait l'ancienne Tomebamba (actuelle Cuenca) à la côte (vers Guayaquil)

Comment faire marcher Diana ? Lui promettre qu'il y aura toujours du riz à l'arrivée !! ;)




08 novembre 2014

Mon 1er tour du monde

Alors non, pas (encore) à vélo et bateau-stop comme je l'avais prévu, mais en gros avions pollueurs à grands coups d'émission de CO2... moins classe, et encore moins efficace que Phileas puisque j'ai mis 81 jours pour compléter la boucle Guayaquil > Amsterdam > Lyon > Londres > Kuala Lumpur > Darwin > Sydney > Auckland > Santiago > Quito > Guayaquil
(il faut admettre que les arrêts français et australien ont gelé les chronos ;)

Partie la fleur-au-fusil, tout s'est bien enchaîné en territoires aborigène et maori. J'ai commencé à déchanter quelques heures avant d'atterrir à Santiago. Profiter de mes 7 heures d'escale pour sortir de l'aéroport et voir un petit bout du centre-ville m'a quelque peu ravivé, mais le vol suivant (9 heures dans un A319... autrement dit le genre d'avion que l'on prend en général pour les vols européens ou Europe-Afrique-du-Nord voire Proche-Orient) m'a fait l'effet d'un sermon du Père Bolz: plus le temps passait, et moins on se rapprochait du but. Autant j'ai trouvé LAN impec pour la traversée du Pacifique, autant ils ont été vraiment borderline pour la remontée andine... on ne peut pas avoir Qantas ou la Buisness de KLM à tous les coups ;)

Plaza de la Ciudadanía, Santiago de Chile

Arrivée à Guayaquil vers minuit (malgré la libération tant espérée compromise et finalement retardée d'une demi-heure par une passerelle vicieuse qui n'obéissait pas au personnel au sol), il était trop tard pour prendre un bus. Le mieux était donc d'attendre le prochain vol pour Cuenca. Je me suis donc trouvé des sièges collés sans accoudoirs (le must de tout voyageur en transit n'ayant pas accès aux salons des classes affaires ;) et ai pu somnoler 2 heures en position allongée, dos droit, enroulée dans mes couvertures volées, devant la porte des vols domestiques... un vrai petit moment de bonheur :D ...qui s'est finalement vite terminé lorsque vers 3 heures, une famille d'au moins 15 personnes a élu domicile juste à côté de mon luxueux lit improvisé: un gamin s'assoit à 3 cm de mes pieds, je replis les jambes, son frangin se jette dans l'espace libéré, les cousins font du rodéo sur un chariot qui frôle ma tête toute les minutes... bref, j'ai du me redresser, reprendre un Ibuprofène, et prier pour que le comptoir ouvre bientôt histoire de pouvoir  enregistrer mon bagage en soute et attendre de l'autre côté, plus au calme (et avec le wifi) dans la salle d'embarquement.

Ma patience fut récompensée par un court vol matinal magnifique qui vaut peut-être les 7 heures d'attente à Guayaquil car se sentir très haut au dessus des nuages dans notre petit ATR 42 (un avion à hélice pouvant transporter une cinquantaine de passagers), puis voir ses derniers bloqués sur les contreforts andins et se retrouver à peine plus haut que les sommets de Cajas est une sensation vraiment puissante. De même que voir défiler les dizaines de lacs glaciaires qui parsèment le massif, le tout éclairé par la lumière rasante du soleil levant. Mais les vallées se sont peu à peu creusées et élargies, dévoilant les courageuses premières maisons et traces d'agriculture, et c'est soudain la ville entière de Cuenca qui apparaît sous nos yeux. Je repère la cathédrale et la piste de l'aéroport, et 10 minutes plus tard, couronnement du voyage: je retrouvai ma valise (même si le Mr-Check-In de Darwin avait lui-même émis ses doutes!) et arrivai à point pour les fêtes de Cuenca.






Bilan des courses: 47 heures porte-à-porte. Le Manille-Cuenca a donc été battu à plate couture !! Encore heureux que le projet Boka n'était pas en plein outback australien et que Diana ne vit pas dans la jungle amazonienne... ;)

28 septembre 2014

Anne-Marthe Hydrographe V

Et c'est repartiiiiiiiii !!! :D

Après 2 petits mois de vacances fantastiques: aucune destination exotique, mais une succession de petits moments géniaux avec les gens que j'aime... pour n'en citer que quelques uns dans le désordre, il y a eu
le mariage de Perrine,
la visite improvisée de Raj et la Voie Sarde sous l'orage pendant qu'il décrivait les moussons indiennes à Maman,
commencer le dimanche matin dans un bar clandestin avec José,
une expé en 31 avec les nains jusqu'à Eybens,
les retrouvailles familiales au Mexicain du port de Brest,
faire du surf toujours avec ces mêmes-nains, j'ajouterai même 'de jardin',
renouer avec les kouings de Nathalie,
feindre de s'y connaître en art nouveau avec Mazia,
parler immo avec Marie,
crasher chez Lucie à l'improviste,
assister à mon premier one-woman show avec Cédric,
un pique-nique surprise sur les bords du Rhône,
poser les moulures de ma chambre avec Mr Schiavi,
déménager Petit Bichon à Nevers,
traîner Keman jusqu'au sommet de Chamechaude,
faire un rapport sur le Texas alors que je n'y ai jamais mis les pieds (euh... en fait si... en transit à l'aéroport de Dallas... mais c'est tout ce que je connais ;),
un repas de midi au rosé chez K6 rien qu'entre nous 2,
regarder Rio2 avec Papa et Maman...

Et j'en passe, et probablement des meilleurs.

Puis début septembre est arrivé, et avec ça les cours de 1ère S de Zoupette, une 2ème année nivernaise pour Gougounette, la dernière grande ligne droite vers la reconnaissance internale de Mimi-Cachou, les avant-savoyards malades de Papa et les assoiffés de connaissance (qui devront avoir l'ouïe fine cette année...) de Maman.

Les vacs en famille - Quimperlé

Les quelques e-mails échangés avec Ingrid m'ont vite appris que ma rentrée à moi ne serait 'que' 3.000 km plus au sud de ma dernière destination-boulot :D

C'est donc un mardi en milieu d'aprem que Papa me dépose à la gare de Pont. Après un café avec Mimi à Part-Dieu, c'est la navette pour Saint-Ex, une petite escale à Heathrow, le fameux A380 (à moitié vide) de la Malaysia Airlines pour Kuala Lumpur... et l'atterrissage dans la capitale du Territoire du Nord 30 heures après mon départ de Pont.

Voici quelques notes en vrac et mon traditionnel album commenté qui, comme d'hab, se compléteront au fur et à mesure... n'hésitez donc pas à revenir faire un tour de temps en temps !! ;)


Petites Notes de Voyage


NT (pour Northern Territory) = plus de 2 fois la France pour une population comparable en nombre à celle de l'agglomération de Chambé

NT = Not Today, Not Tomorrow, Not on Tuesdays, Not on Thursdays...
Nos postiers viennent-ils d'ici ?!?!

L'accent Australien est une musique, et son accent paysan une nouvelle langue à lui tout seul. Après déjà plus de 2 semaines d'entraînement, je suis devenue une pro pour savoir quand sourire, quand faire oui de la tête et quand prendre un air indigné, selon le ton, les gestes, les grimaces et l'attitude des gens, sans ne jamais rien comprendre à ce qu'ils me racontent.

Les Australiens ont leur propre football, familièrement surnommé footy, qui est bien entendu différent du football américain, du bon vrai football européen, du cricket, du rugby et du saute-mouton... mais qui en fait mélange un peu tout ça. C'est assez marrant à regarder. La grande finale de la ligue nationale était hier dans l'aprem, et le monde s'est arrêté de tourner pendant 3 heures (si si, c'est vrai, juste vous ne vous en êtes pas rendus compte car vous marchez sur la tête... ;)

Les Australiens roulent À GAUCHE !!!!!!!! Mais pourquoooooooooiiiiiiiii vous faites çaaaaaaaaaa ???????? J'ai donc refait ma conduite accompagnée (mais pendant 2 jours seulement cette fois-ci ;) essentiellement avec Graham, mon chief surveyor, un anglais résidant en Australie depuis plus de 10 ans, qui très poliment cachait ses crises cardiaques en me donnant des conseils, et en m'assurant que non, il n'y avait pas que "ces abrutis d'anglais" qui conduisaient du bon côté, mais plein d'autres pays dont on n'aurait même pas idée...

Aucun rapport sur l'Australie, mais ma conscience professionnelle de reporter en herbe me pousse à transmettre toutes les informations divertissantes dont j'ai vent en Oz, alors en voici une: le référendum pour l'indépendance de l'Écosse aurait du être proposé aux Anglais, et de la façon suivante: acceptez-vous, oui ou non, de garder l'Écosse dans le Royaume-Uni ?

Darwin est plus proche de Dili, Port Moresby, Jakarta, Bandar Seri Begawan et Melekeok que de Canberra. Ça vous fait une belle jambe? À moi aussi... Mais tout ça pour dire que 5 capitales étrangères sont plus proches de Darwin que la capitale kangouroue elle-même.

Je n'ai encore jamais vu de Foster's à Darwin. C'est une 'bière dégueulasse' selon mon skipper (un kiwi). Aucune idée de comment on peut exporter une daube pareille. Gloups. J'aimais bien la Foster's moi, dans mes souvenirs d'étudiante Erasmus. Du coup, je me suis rabattue sur le Shiraz Pepperjack; une tuerie. Tout simplement. Depuis, je ne bois que du rouge. Point-barre. Fin de la discussion.

Même s'il fait très chaud, je reste une inconditionnelle du Four-Sixty. Ma clim' perso. 4 fenêtres ouvertes, 60 km/h. Corollaire de Graham.

La qualité de vie de Darwin est excellente à mes yeux (surtout après avoir passé 4 mois à bord du Ndeavor). C'est une ville propre, dynamique, moderne (car plusieurs fois reconstruite suite aux bombardements japonais de la 2nde guerre mondiale et au cyclone de 1974 qui la détruisirent entièrement), très bien aménagée, qui a su mettre en valeur les quelques magnifiques arbres survivors (aux bombes et aux cyclones) typiques de la forêt tropicale qui recouvrait encore la région il y a moins de 2 siècles... Chaque coucher et chaque lever de soleil est digne des plus belles cartes postales. La taille est parfaite: assez grande et isolée pour pouvoir trouver tout ce dont on aurait besoin, mais en restant une petite ville de province: il y a toujours une place de parking dispo à moins de 20 mètres d'où l'on souhaiterait se garer, et le parking est gratuit le week-end et après 17 heures. Je ne pensais pas que ça existait encore :) Et terminer mon dimanche en courant sur la côte, dans les parcs au gazon impeccable et aux palmiers hyper-photogéniques avec un point de vue unique sur la baie, sur la plage défendue par des panneaux 'Attention aux crocos et aux méduses', le long d'un sentier côtier au dessus des mini-falaises ocres de Nightcliff ou encore d'un chemin sablonneux dans une sorte de garrigue où je vivrais bien si j'étais un serpent australien (j'espère qu'ils n'ont pas le même raisonnement que moi) est assez magique.

Les 'points à améliorer' (on ne dit plus défauts, c'est mal!) seraient les prix élevés, la difficulté d'intégration des aborigènes qui constituent l'essentiel des sans-abris, et cette mer de Timor à 30 degrés dans laquelle on ne peut se baigner sans risquer de se faire bouffer par un truc bizarre dont on ne soupçonnait même pas l'existence.

Il paraît que pour préparer son 'nid' une maman croco repère une berge avec des hautes herbes, fait pipi dessus, les herbes meurent, puis elle fauche tout avec sa queue pour avoir un coin bien plat bien propre. Hans a fait remarquer que seuls les crocos peuvent tuer avec leur pipi. De vrais dinosaures.

"Mieux vaut être paresseux que fatigué" Déclaration de notre stagiaire en finance en réponse à mon regard outré lorsque je le vois se diriger vers sa voiture en sortant du restau (5 minutes à pied de chez lui)


4x4 à Litchfield



Pour nous faire rêver...



Pour vous amuser...



Concert de TaikOz à Darwin !! :D


30 juillet 2014

Bohol à scooter

Mes dernières aventures, cette fois-ci sous la forme d'un journal de bord: plus de détails, plus d'anecdotes, malheureusement moins de belles photos (plus le séjour est court, plus j'écris des tartines...) À vous de voir ce que ça donne !

Palawan et Luçon étant maintenant très régulièrement frappées par la mousson, mon programme pour ces quelques jours était la découverte de Bohol, une île de l'archipel des Visayas, connue pour ses 'Chocolate Hills', ses tarsiers... et aussi pour avoir été victime d'un grave séisme l'année dernière, seulement 3 semaines avant le passage du super-typhon Haiyan à proximité (sur l'île voisine de Leyte). 

Il y a des années comme ça...


Trajectoire du cyclone Haiyan (3-11 Novembre 2013)

Après 7 semaines de boulot relativement ennuyeuses (mais qui se sont magnifiquement terminées: fin de la phase de dragage, notre technique de déversement de roches - rockdumping - bien en place et approuvée par le client, tout cela le jour même où René appelle pour nous annoncer notre augmentation… il y a aussi des jours comme ça parfois :D) à bord de mon bateau chinois, je retrouvais mes petites habitudes chez Quentin et Mèl à Makati.

Lorsqu’ils me questionnent sur mes projets pour la semaine, tout en nous rendant à la pendaison de crémaillère d’amis à eux (le clan des jeunes expats français, majoritairement des VIE-VIA et leurs moitiés), je leur parle de Bohol (suggestion de ma manager lorsqu’elle a su que je partai pour les Philippines; je n’étais plus très sûre de ma vraie mission alors: le boulot ou les vacances ? ;) Ils me disent 'Carrément! Faut que t’ailles à Nuts Huts!', et Vick confirme en suggérant de louer une moto pour me déplacer. 'Tu verras, c’est pas dur, ils en ont des automatiques' a-t-elle répliqué lorsque, les yeux brillants d’excitation, je lui avouai avec amertume avoir une expérience très limitée en matière de 2 roues motorisées…

Bye-bye Manille, Hello Tagbilaran !

Mais aussitôt dit, aussitôt fait, et quelques heures plus tard, j’atterrissais à Tagbilaran. Je récupère un plan de l’île au comptoir de l'aéroport avant de sortir et me faire assaillir par des conducteurs de tricycles. 100 pesos pour m’emmener chez un loueur… je trouve ça cher, continue de marcher, et 20 mètres plus loin, la course était à 10 pesos… 50 mètres de plus et ils me payaient pour que je monte dans leur carrosse, non ?!? :D


La Loc'

Mon chauffeur de tricycle me dépose dans une arrière-cour assez miteuse; la seule preuve d'être arrivée à destination est une planche peinte Boysam pendue à un portillon de l'autre côté de la rue. Après quelques secondes d'explications dans un anglais très approximatif, le loueur et mon chauffeur m'accompagnent dans la rue où trône un beau scooter; le loueur me tend la clé, je le regarde avec étonnement, il insiste, je récupère la clé, attend 5 secondes, puis me résigne à m’asseoir sur mon futur destrier devant le manque de réaction général. Je cherche avec plus ou moins de succès où insérer la clé, lorsqu'enfin l'un des deux me demande mi-rieur, mi-angoissé: 'Tu as déjà conduit un scooter n'est-ce pas?' Et ben non, je viens de vous le dire; c'est pour ça que je voudrais faire un essai d'abord... 

Là, le visage du loueur s'est décomposé; son pote le chauffeur de tricycle a alors pris les choses en mains en me montrant comment démarrer, puis en me faisant signe de faire un essai dans la rue; je me lance donc sous les 'slooooowly-slooooowly-slooooowly' à répétition du loueur qui venait de se remettre de son angoisse. Et....... c'est très facile en fait! Petit demi-tour, je reviens vers eux tout sourire; le loueur me conseille de continuer à m'entraîner un peu... Mais t'inquiète Biquette, je gère! Et je reviendrai entre demain (si je ne le sens pas finalement) et mercredi (avant de prendre l'avion), ça marche? Il approuve, puis je règle 2 jours d'avance avant de m'attaquer à un 2ème obstacle: le plein. 

Pour cela, je me tourne vers mon chauffeur de tricycle, et lui promets un bon pourboire s'il me conduit à une station essence et me met sur la route de Loboc, où j'avais décidé de passer la nuit (et comme ça, quelqu'un avait un œil sur moi pendant mes premières minutes à scooter... pas folle la guêpe!) 

Tout marche comme sur des roulettes (haha, riez maintenant), et moins d'un quart d'heure plus tard, je savourais mon vrai premier jour de vacances, cheveux au vent (c'est une blaaaaague: ils étaient en fait collés par la transpi dans le casque ;) et avec 2 heures devant moi pour me rendre aux fameuses Nuts Huts


Nuts Huts ?

Un endroit idéal pour se reposer 1 ou 2 jours selon nombre de voyageurs, à dormir dans des cabanes en nypa, au bord de la rivière Loboc. Mon scooter a du venir à bout de quelques kilomètres d'un sentier pierreux indigne de ses petites roues frêles et fragiles pour rejoindre la centaine de marches qui descendent à la rivière, mais je suis sûre que la vue dont il a joui pendant les 2 nuits et 1 jour à m'attendre l'aura rasséréner pour la suite du voyage.



Le lendemain, petite rando sur la colline qui domine Nuts Huts. Mis à part le temps et la vue magnifiques, l'intérêt était de découvrir quelques grottes très bien cachées dans la jungle, où demeurent des milliers de chauve-souris (et, dédicace pour Papa, qui abritèrent des GIs pendant la guerre du Pacifique) 

Ce que je retiendrai de cette petite aventure est que les chauves-souris PUENT (je comprends maintenant pourquoi Cat Woman a toujours repoussé les avances de Batman!), et que leur présence se traduit également par un bruit permanent de légère brise. 



Un chouïa plus mignon que les chauves-souris...

J'ai volé !

La rando s'est soldée par un vol au dessus de la vallée, à la Superman. Au détour du chemin, entre trois maisons construites au bord du canyon au fond duquel coule la rivière Loboc, le guide s'est arrêté à côté d'une petite structure en fer... qui n'était autre que le point de départ d'un câble de 200 mètres de long, tendu au dessus de la gorge! Quelques mètres en contrebas, l'arrivée d'un autre câble témoignait de la possibilité de faire en fait un aller/retour en tyrolienne au dessus de la gorge, et ce en position allongée, à plat ventre dans une toile reliée en plein d'endroits à 2 poulies, à voler quelques mètres au dessus des arbres, puis soudain franchir la falaise et voir ces quelques mètres se transformer en une bonne centaine, au dessus de la rivière; un regard à droite, un autre à gauche pour admirer le défilé; un coup d'oeil vers mes pieds pour voir d'où je viens, puis un autre vers l'avant juste avant de repasser la falaise, pour enfin lever la tête et réaliser que j'arrivai à pleine vitesse tête la première vers un grand filet tendu juste devant un arbre; je ferme les yeux en comprenant enfin l'utilité du casque, tout en me disant intérieurement que ça n'était peut-être pas très sécuritaire comme arrêt, lorsque ma poulie s'arrêta d'un coup sec, à quelques mètres dudit filet, bloquée par ce qui semblait être un bout de caoutchouc fixé autour du câble et retenu par une corde tendue par un des 'réceptionnistes'... Inutile de vous dire que C'ÉTAIT TROP BIEN !!!!! D'autant plus qu'on doit survoler la vallée 2 fois de suite, pour revenir à notre point de départ et poursuivre la rando :)




Loboc

L'après-midi, je suis descendue en kayak le long de la rivière jusqu'à la ville de Loboc, où j'ai pu me rendre compte avec plus de justesse de l'ampleur des dégâts liés au tremblement de terre. Car l'état excellent des routes (priorité lors de la reconstruction d'urgence afin de désenclaver les villages et les approvisionner en eau potable) et les sourires omniprésents des habitants ne suggèrent aucunement le cataclysme qu'ils vécurent il y a 9 mois. En réalité, presque chaque structure en pierre dans chaque village, ce qui malheureusement incluent les belles églises coloniales du 16e siècle, sont toujours en ruines...








Le pont manquant de Danao

Le lendemain, je décidai de m'enfoncer dans l'île, avec pour objectif Danao, un petit village au milieu de nulle part, dont personne n'a su me dire si la route qui y menait était praticable ou non. Cela avait évidemment suffi pour éveiller ma curiosité et l'envie de m'en rendre compte par moi-même. Et il s'est avéré que oui, l'alternance route goudronnée / cimentée / piste / boue / cailloux est en effet tout à fait praticable... jusqu'à l'entrée du village, où un pont manquait, tout simplement :)

Je m'arrête pour évaluer la situation, repère sur la droite un sentier assez raide descendant vers le ruisseau que le pont était censé franchir, lorsqu'un ado surgit au détour du chemin:
- Tu veux aller à Danao? 
- Oui, mais je ne sais pas par où passer.
- Mais par là, comme tout le monde
J'ai alors essayé de lui faire comprendre mes pensées: c'est un SENTIER: étroit, raide, plein de cailloux, avec un RUISSEAU, assez large, qui semble profond, aussi plein de cailloux... De plus, je ne crie pas comme une fille je ne suis pas une pro du scooter. 
Mais mes explications n'ont eu aucun effet sur lui:
- Tout le monde passe par là, sinon, il faut faire un grand détour! Tu vas voir, je vais t'aider...

Bon bon. Je m'assois sur mon fidèle destrier, puis me lance dans la pente, les mains crispées sur les deux freins, les pieds de chaque côté pour m'équilibrer, et mon dépanneur retenant le scooter à l'arrière. Nickel. 

Une fois au ruisseau, mon assistance s’apprêtait à poursuivre son chemin lorsque je lui demande avec insistance:
- Et maintenant, je fais quoi, Einstein?
- Ben tu vas tout droit. 
Question idiote, réponse idiote. 

Devant ma mine déconfite, il reste en me remontrant bien comme il faut où passer dans le ruisseau. Je devais avoir 2 fois son âge, et je décidai de me lancer avant que le petit sentiment de honte qui pointait son nez finisse par me paralyser complètement. Moteur à fond, je ferme les yeux, c'est parti! Mais mon scooter s'arrête 2 mètres plus loin, au beau milieu du cours d'eau; je reprends équilibre avec mes jambes; l'eau est froide et le ruisseau pue, mais tant pis pour mes baskets, elles en ont vu d'autres; je redémarre en priant pour ne pas avoir noyé le pot d'échappement, mais pas moyen de bouger; mon petit philippin se marre (le malotru), puis m'aide à pousser et tirer la bête dans tous les sens, tant et si bien que l'on finit par la sortir du ruisseau, du pierrier, et même lui faire reprendre roue sur la route bitumée. Ouf! 

Ni une ni deux, Einstein monte derrière et me dit de le déposer au collège. Impressionnée par son assurance, je le conduis avec plaisir, en hommage à ma reconnaissance éternelle...

~

Quelques dizaines de minutes plus tard, je survolais une vallée encore plus belle que celle de Nuts Huts, toujours en tyrolienne, la grande spécialité du pays semble-t-il, puis prenais mes quartiers dans une auberge encore en construction, déserte, avec piscine et une vue magnifique, à peine 10 minutes avant qu'un énorme orage éclate. 

Mes hôtes, un couple de 28 ans très serviable et parlant à peine anglais (leur langue maternelle n'étant même pas le tagalog mais le visaya), m'ont pris de court en me demandant ce que je voulais manger; j'ai opté pour le fameux riz frit à l'ail que j'adore, et un œuf, le tout cuisiné dans le noir au feu de bois, l'électricité et l'eau courante (qui était coupée lorsque j'étais là-bas) n'arrivant pas jusqu'à la cuisine, extérieure. J'ai voulu profiter de ce moment convivial pour me renseigner sur le vainqueur la coupe du monde.
- Coupe du monde? 
- Oui! De foot! ...football ? ...au Brésil? ...la finale était hier ?!? 
Grand silence, regards étonnés... Bon bon, je peux attendre quelques jours de plus, c'est pas grave.

Le riz frit à l'ail est ce que je retiendrai de la cuisine philippine !! :D
Source

L'essence de derrière les fagots

Le lendemain, je partis tôt le matin, direction la côte ouest cette fois-ci. Au bout d'une heure de route, il me fallut faire le plein; alors que je traversais un petit regroupement de maisons et qu'un homme me saluait de la main en souriant (comme tous les habitants de cette île depuis le début de mon périple), je m'arrêtai et lui demandai où trouver un peu d'essence; il me fait signe (je ne maîtrise toujours pas le visaya) de continuer un peu; jusqu'au prochain village? Non non, juste 2 mètres plus loin, puis il disparut dans son garage; entre temps, son voisin d'en face, l'interprète du village, me rejoignit et me demanda combien de litres je voulais; j'haussai les épaules en signe d'ignorance puis ouvris le réservoir; son œil d'expert me conseilla 2 litres; mon pompiste en herbe réapparut, 2 vieilles bouteilles en plastique de Coca remplies d'essence à la main... et 42 secondes plus tard, je repris la route, toujours aussi discrète, assise sur ma tondeuse à gazon, avec mon sac-à-dos et mon casque trop grand.

Entre palmiers et rizières, ma route était parfois coupée par un bœuf et sa charrue, ou une poule et ses poussins, et mon passage jamais inaperçu, toujours salué par des sourires et des signes de la main.

Sagbayan: les dernières 'Chocolate Hills' avant les eaux du détroit de Cebu


Les mangroves d'Abatan

Une fois sur la côte, je retrouvais une route parfaitement asphaltée... et une pluie permanente. En sortant de Cortes, je m'abrite sous le grand préau d'une agence offrant des tours dans les mangroves de la rivière Abatan, me renseigne sur les sorties en kayak, et promets de revenir le soir pour apercevoir ces fameuses lucioles qui intriguèrent tant les espagnols il y a quelques siècles.

Une chambre à Tagbilaran réservée, je renoue avec Internet le temps de 10 minutes pour donner signe de vie et apprendre que les Sandales-Chaussettes ont enfin remporté leur premier trophée, puis remonte sur mon scooter, me lance dans les rues gorgées de 2 roues, parfois de 4x4, slalome, m'impose, et finalement réussis à sortir de la ville saine et sauve malgré l'heure de pointe, des lucioles et des légendes locales plein la tête... 

C'était sans compter sur le cyclone qui était la cause du mauvais temps depuis 2 jours, et qui frappa Manille de plein fouet quelques heures plus tard (les rues désertes, un vent et des averses insoutenables, l'appart de Quentin et Mèl - comme la plupart des autres immeubles qui en sont équipés - sur générateurs, et les autres sans électricité pendant plusieurs heures... 'Ils ont pris cher' paraît-il).

Car ce soir-là, à l'embouchure de la rivière Abatan, le temps était lourd, le ciel chargé de nuages gris noirs, et le vent très fort; un peu comme cette heure précédant nos gros orages d'été pendant laquelle on sait que Dame Nature est entrain de nous préparer une petite démonstration de sa puissance, et qu'il faut vite creuser des rigoles autour des tentes et tout mettre à l'abri du vent et de la pluie. Cela ne m'a pas découragé pour autant, bien au contraire, mais les lucioles, elles, ne sont pas folles, et restent dans les mangroves, abritées du vent et de la pluie.

On illumine, mais nous ne sommes pas des illuminées ! -Ray

Mais pas question d'annuler, car ce soir-là était mon dernier sur l'île! J'ai donc quémandé une virée en kayak, même sans les lucioles, et après s'être assuré de mon niveau, le guide a fini par dire oui, mais à condition de rester dans les mangroves, c'est à dire dans l'embouchure, car les vagues étaient déjà trop hautes en pleine mer... j'avais envie de dire 'Mais justement, c'est ça qui est bon !!!' ... mais un petit regard échangé avec la responsable d'agence qui traduisait la pensée 'C'est qui cette folle?!?' m'oblige à accepter le marché (je n'ai pas encore l'aptitude de Raj à pouvoir convaincre un loueur de kayak de me prêter une embarcation pour aller caresser les icebergs en simple anorak...) 

Et malgré la durée bien trop courte de notre sortie, j'ai ADORÉ pagayer dans le labyrinthe des étroits chenaux naturels, entre les mangroves, abrités du vent, à épier les petits crabes noirs aux pinces violettes appelés nypa-nypa (parce qu'ils vivent dans les racines des palmiers nypa... pourquoi s'embêter la vie à chercher un nom compliqué, je vous le demande!), ou sur le fleuve, plus large, aux eaux déjà bien agitées par la tempête qui se préparait... avant de rejoindre l'Abatan Bridge, encore effondré: 

Source
mais dont les piles ont pu être utilisées pour une solution temporaire:
Panglao

Le lendemain était mon dernier jour sur l'île, mon avion décollant à 16 heures. Je décidai donc de profiter d'une demi-journée à Panglao, LA vraie raison de venir sur l'île pour de nombreux touristes (c'est donc tout naturellement que j'avais pris la direction opposée en arrivant...)
Après une rapide visite de la grotte de Hinagdanan, je me suis donc vautrée sur un transat, à lire, me reposer, prendre des photos, siroter un mango-shake tout en essayant de ne penser à rien; ça fait du bien une fois de temps en temps.




Preuve que je me suis tout de même levée de mon transat ;)




Air Asia et les cyclones

Puis il a bien fallu reprendre la tondeuse, la rendre puis me rendre à l'aéroport et rejoindre Quentin et Mèl pour ma dernière soirée aux Philippines avant de rentrer en France pour le mariage de Perrine et Aurélien... Mais là encore, le typhon fit des siennes: votre vol est annulé me dit-on (toujours en souriant bien sûr). Ah! Et donc? Ben rien de grave, on vous a mis sur le vol suivant. Qui part à...? 17 heures, demain. Ben oui, bien sûr! 

En temps normal, je me serais dit 'Quelle plaie, corvée de Bohol...! Bon ben tant pis, j'irai voir les dauphins en buvant d'autres mango-shakes. Je m'adapte moi! Un petit coup de fil à Esther pour décaler mon vol d'un jour et c'est réglé...'

SAUF que cette fois-ci, j'avais un mariage, et AUCUNE envie de louper ça !!!!! Alors non, trouvez-moi une autre solution s'il vous plaît ! Vous pourriez aussi décoller de Cebu demain matin à 5 heures... Parfait ça !! On me griffonne l'horaire et le numéro du vol sur un bout de papier (la vérité vraie!) puis je me jette dans un tricycle, direction le port, pour attraper le dernier ferry en partance pour Cebu.

Là encore un grand moment: le terminal est un grand chapiteau, mais climatisé et avec des écrans et des contrôles de sécurité comme dans un aéroport; la configuration des sièges à l'intérieur du ferry rappelle aussi celle d'un avion long-courrier, mais avec encore moins d'espace pour les jambes, une température frigorifique, et une prière de bénédiction pour tous ceux qui vont effectuer la traversée au lieu des instructions de sécurité de l'hôtesse que personne n'écoute. Ce qui me rappela la réaction des parents d'une philippine rencontrée à Manille lors d'une soirée VIE, qui, suite à un accident qui faillit causer la noyade d'une de leurs filles, interdirent à leurs enfants de s'approcher de l'eau (au lieu de leur apprendre à nager comme je l'imaginais...)

Je mis à profit mon heure d'attente en me plongeant dans le Lonely Planet, section Cebu: 2ème plus grande ville des Philippines (aïe aïe aïe, bonjour les voitures, les bouchons, la pollution...) gnagnagna ... le centre-ville historique près du port craint (nickel, ça me fera de nouvelles anecdotes!), il vaut donc mieux dormir dans un autre quartier plus au nord (hmmm... ça pourrait aussi être sympa de rester un peu dans le centre-historique puis se faire une mission jeepney vers là-bas?) gnagnagna ... l'aéroport est sur l'île de Mactan (mince, c'est où ça?!?) à 20 minutes en taxi - ne pas payer plus de 200PHP (ah ok, je ne me suis pas gourrée de ville alors...) où, en 1521, mourut Magellan de la main de Lapu-Lapu, roi de Mactan, qui n'a pas voulu se soumettre à la couronne d'Espagne comme le fit pourtant si bien son voisin de Cebu Rajah Humabon... Hmmm, intéressant tout ça... 

Je lève la tête, réfléchissant encore à la meilleure option pour la nuit, et louche sur l'iPhone de mon voisin. Après quelques secondes d'hésitation, je lui demande s'il me laisserait passer un coup de fil. Il accepte en souriant, mais Quentin ne décroche pas, et il est enfin l'heure d'embarquer. 

Après 2 heures de traversée, la nuit était tombée... et Mr iPhone, qui avait débarqué avant moi, m'attendait gentiment sur le quai pour m'informer que le numéro que je cherchais à joindre avait envoyé un texto. Je le remercie mille fois et rappelle Quentin pour m'excuser (notre dernière soirée tombait à l'eau) et mettre au point la récupération des clés le lendemain matin... Un plan élaboré, je raccroche, et Mr iPhone me demande ce que je compte faire, car il doit se rendre à l'aéroport pour s'acheter un billet pour Manille demain. Quelle coïncidence! Moi, j'aimerais aussi me rendre à l'aéroport pour vérifier si je suis effectivement sur le vol de 5 heures (un bout de papier gribouillé ne convaincra probablement pas l'hôtesse si jamais la résa a foiré), et si ce fameux vol de 5 heures va effectivement décoller... et ensuite, probablement dormir pas loin vu l'heure à laquelle je devrai me lever. Cebu et la croix de Magellan seront pour une autre fois.

Mr iPhone part donc chercher sa voiture et repasse me prendre 15 minutes plus tard, direction Mactan. J'étais effectivement enregistrée sur le bon vol, me fais imprimer la preuve d'un vrai billet électronique sur une vraie feuille A4 et confirmer que mon avion décollera demain à l'heure prévue, puis retire un peu de liquide en attendant que Mr iPhone - devenu Mr Taxi et qui s'appelle en fait Ryan et vient de Leyte - sorte de chez Philippine Airlines. Je le remercie encore, et m'apprête à lui dire au revoir, lorsqu'il me propose de me déposer dans un hôtel pas loin avant de rentrer sur Cebu. Fantastique! 

Le premier hôtel est complet. Au deuxième, je me retrouve nez à nez avec un client qui attendait son tour, la réceptionniste étant au téléphone. Il me demande en anglais si je suis australienne, non non, française, puis il s'enflamme d'une voix chantante à l'accent Marseillais; les 10 minutes pendant lesquelles la réceptionniste se démenait avec le client insupportable du bout du fil suffirent à mon petit Marseillais pour me raconter à peu près toute sa vie; enfin la réceptionniste raccroche... pour m'annoncer que l'hôtel était aussi complet! Je la remercie et ressors rapidement, honteuse de faire attendre Ryan aussi longtemps, mais mon Marseillais me rattrape avant que je ne passe la porte, et me propose de partager sa chambre. Hahaha. Haha. Ha. Je décline poliment sous prétexte de ne pas vouloir déranger, surtout si je dois me lever à 3 heures, et m'éclipse en courant. Et le troisième hôtel fut le bon. Un peu cher, mais Mastercard comprendra. Ouf! 

***

Malgré leur propension à mettre du beurre de cacahuète de partout, et à vivre à 100 millions sur des petites îles (impossible de s'isoler! même au beau milieu de Bohol, il y avait toujours quelqu'un au détour du chemin, une cabane à moitié cachée par la végétation, ou une femme piquant du riz dans un champ au loin...), la serviabilité et le sourire omniprésent d'une majorité des philippins que j'ai rencontré (Manille et certains lieux touristiques mis à part, où j'ai l'impression d'avoir le physique d'un billet de 1000 pesos plus que d'une voyageuse avide de rencontres et de découvertes) feraient presque oublier la pauvreté d'un pays régulièrement frappé par les typhons et les tremblements de terre. 

Et certains signes tels que l'habitude de recharger les bouteilles en plastique d'eau traitée et purifiée (au lieu d'acheter puis de jeter des dizaines de petites bouteilles d'eau en plastique par jour et par personne comme dans beaucoup d'autres pays, même supposés développés) ou ce sentiment de sécurité ressenti durant toute mon escapade (alors que je me baladais avec mon passeport, ma carte bleue, et suffisamment de liquide pour faire vivre une famille de 10 personnes pendant une semaine) montre que cette nation peut aussi se montrer en avance dans son développement.

Les Philippines sont une destination qui séduit chaque année plus de 4 millions de touristes (essentiellement des Sud-Coréens), ce qui n'est rien comparé aux voisins continentaux que sont la Chine, la Thaïlande, la Malaisie, Hong-Kong, Macao ou Singapour, mais c'est un chiffre qui n'a de cesse d'augmenter. La grande campagne marketing lancée par le Ministère du Tourisme en 2011 y serait-elle pour quelque chose...?



27 mai 2014

Équateur IV

Quelques photos de ce mois de Mai, passé à Cuenca auprès de Diana !

Attention les yeux: ceci est le plus long post jamais écrit sur ce blog, alors n'hésitez pas à d'abord vous servir un café et/ou sauver le lien afin de lire en plusieurs fois, je ne le prendrai pas mal ;)

Tout a commencé par...

Mon premier vol aux antipodes



... et oui ! Pour les Français, ce seraient plutôt les Kiwis, mais pour les Philippins, ce sont les Boliviens qui marchent sur la tête :




Concrètement, il me suffisait simplement de traverser le Pacifique
(je suggère la petite pause à Hawaii ? ;) 

Source: http://www.distancefromto.net/

... mais c'était sans compter sur la logique implacable de KLM:




Heureusement (par pitié?), j'ai eu l'agréable surprise d'être surclassée pour le vol Amsterdam - Guayaquil !! :D 

J'imagine qu'ils ont pensé que j'allais enfin pouvoir me reposer... mais à vouloir profiter de tout (les apéros champagne, les repas gastronomiques, les films et la musique avec un casque super confortable, le fauteuil dans toutes les positions, les chaussettes, la couverture, la trousse de toilette...) sous le regard désabusé de ma voisine (imaginez la scène de 20 ans d'écart), je n'ai même pas pris le temps de dormir :D





... et à faire partie des privilégiés qui sortent en premiers, nous avons même failli nous louper avec Diana ! Elle voulait en effet me surprendre à l'aéroport, mais alors que je l'appelai sur son portable, juste avant de monter dans le bus, son 'Achète-moi un billet et attends-moi au guichet, j'arrive!' - tout en ordonnant à un taxi de la déposer à la gare routière - m'a fait réalisé qu'elle aussi était à Guayaquil :)


Cuenca


Quelques heures plus tard, j'arrivai enfin à Cuenca, épuisée, affamée, et vraiment heureuse à la perspective de pouvoir me reposer ici quelques semaines en partageant le quotidien de Diana tout en mûrissant mes futurs projets de voyage...

Mes premiers jours furent dédiés à l'électroménager: certes, laver à la main fonctionne bien, et n'acheter que la nourriture de la journée est très facile. Mais j'ai décidé de faire honneur aux inventeurs de la machine-à-laver et du frigo, qui sont des prouesses technologiques réellement fantastiques !! Moins de 4 semaines de sédentarisme, et déjà les goûts de luxe surgissent... Pour les curieux, quelques photos de l'appart' sont disponibles ici.

Une fois tout branché et la pile de vêtements sales engloutie par la machine, Maikol (le neveu et coloc de Diana) et moi ne nous sommes pas sentis désœuvrés pour autant: réveils tardifs (Maikol travaille généralement de 18h à 2h et se réveille donc vers 10h; moi je ne travaille pas, mais je me lève naturellement aussi vers 10h; nous nous sommes donc très bien entendus), petit-déjeuners complets, musées, expéditions de recherche à travers le centre-ville (un savon pour le visage, un ballon de basket, une esthéticienne, une bonne bouteille de vin... ne sont pas si simples à dénicher), cinés, sorties (un certain samedi soir, je lui ai enseigné le système du Happy Hour - 2 mojitos pour le prix d'1 - Excellent élève, il ne commande plus que ça depuis... c'est ce même soir que j'ai eu la meilleure note de ma vie en karaoké et dansé le bachata sans écraser les pieds de personne... aucun rapport, mais belle preuve que le mojito aide à mieux connecter les neurones, non ?!? ;)




Pour les mauvaises langues, nous sommes aussi allés courir (la première sortie s'est pour ma part soldée par un épuisement complet, mes 10 km par jour dans la salle de sport du bateau n'ayant pas fait long feu face aux 2.500 mètres d'altitude de la ville... ;)

Notre duo (pendant que Diana travaillait) fonctionnait de la façon suivante: je me concentrais sur l'aspect culturel de notre journée pour faire découvrir à Maikol sa nouvelle ville et son pays via les musées, les balades ou une petite bière (roooh... tout de suite à m'étiqueter AA... je vous rappelle que je ressors de 2 mois de sevrage; en plus, la bière sert la discussion comme le barbecue sert la Coupe du Monde: c'est le ciment qui maintient l’événement... en d'autres termes, c'était juste pour discuter tranquillement, lorsque par exemple Maikol me demande de lui décrire la côte et s'étonne qu'il n'y ait pas de montagnes là-bas. C'est l'idée, on descend les Andes pour rejoindre la plaine, et là-bas, 2 km dessous, il fait très chaud! Combien ? 30 degrés peut-être. Ça fait combien? Ça fait que Diana devient noire et moi rouge. Et faire du surf c'est dur? etc.), occupations tout à fait inhabituelles lorsque la principale priorité est de payer le loyer à la fin du mois - pendant que Maikol à son tour me faisait découvrir la ville vue par les cuencanos... 

Vivre à Cuenca vs. Visiter Cuenca résumé:


Cuenca Culture


Commençons par une petite mise en contexte, Santa Ana de los Cuatro Ríos de Cuenca n'étant pas la ville la plus connue internationalement, bien que 3ème ville du pays (après Guayaquil, puis la capitale Quito) avec un demi million d'habitants. 

La ville est construite dans les Andes, sur la Pan-Am, à 300 km de Quito (ou 10h de bus... heureusement, un petit aéroport juste en face de la gare routière dessert Guayaquil et Quito plusieurs fois par jour pour parfois moins de 40 euros), et son centre historique est classé à l'UNESCO.

Sur les toits de la Nouvelle Cathédrale

Ancienne ville cañarie, elle fut conquise et renommée Tomebamba par les Incas moins de 50 ans avant que les espagnols n'y arrivent. Mais comme l'empereur Huayna Cápac y naquit, les Incas eurent le temps d'en faire une importante capitale régionale, qui fut aussi belle que Cuzco selon certaines sources. Malheureusement, la ville ne résista pas aux querelles internes incas (quand les frangins Atahualpa et Huáscar - les fils de Huayna Cápac - se sont entretués pour le trône) et/ou à ses habitants (qui ne voulaient pas la voir passer à l'ennemi), et ce ne sont que des ruines - au lieu de l'El Dorado tant espéré - que découvrirent les espagnols à leur arrivée, au milieu du 16e siècle.

Les ruines de l'ancienne Tomebamba (Musée Pumapungo)

De nos jours, c'est un point stratégique où métisses (la majorité de la population équatorienne, de sang espagnol, inca et indigène - comme Diana typiquement, bien qu'elle donne l'impression que le seul européen qui ait contribué à diversifié son sang mourut probablement en 1618... ne lui dites pas que j'ai dit ça!), indigènes (les descendants des cañaris - et sûrement un peu des incas aussi - typiques comme on se les imagine avec les chapeaux melons, ponchos colorés, bébés dans le dos, conversant en quechua, etc. qui viennent vendre leurs produits frais aux marchés) et expats (pour la majorité des Américains) cohabitent. Plus de la moitié de la population a moins de 25 ans.

Du fait de l'altitude, le temps à Cuenca n'est pas du tout celui qu'on attendrait d'une ville située à cette latitude (3°S). Lorsqu'il fait soleil, il y fait chaud comme en été, mais après 18 heures, on supporte très bien le sweat, voire la polaire. Les mois de Mars-Avril-Mai sont pluvieux (ce qui se traduit par une alternance permanente de phases soleil + chaleur > T-Shirt + lunettes de soleil obligatoires et pluie + froid > pull et pas-de-lunettes-sinon-on-n-y-voit-plus-rien-tellement-il-y-a-des-gros-nuages-noirs, avec changement de phase toutes les 10 minutes SANS EXAGÉRER). Juin, Juillet et Août sont les mois secs et chauds (idéaux pour aller se faire quelques volcans).

Une grande fierté de la ville (au point de lui avoir dédié un stade et un parc avec une piste d'athlétisme autour de laquelle s'entraînent les nombreux motivés à toute heure du jour et de la nuit) s'appelle Jefferson Pérez, multi-champion du monde et olympique de marche athlétique (les seules médailles olympiques équatoriennes, en 1996 et 2008)


Vivre à Cuenca


J'ai re-découvert une ville très dynamique, qui se transforme de jour en jour... La municipalité est en effet très active, et a aménagé plusieurs parcs avec des aires de jeux pour les enfants, des terrains de basket, des équipements pour faire de la gym et du fitness au grand air, mis à la disposition de tous; un planétarium projette des films pédagogiques d'une demi-heure, gratuitement, plusieurs fois par jour; le réseau de bus se perfectionne; la ville est de plus en plus propre; les vieux bâtiments coloniaux sont rénovés petit à petit...

Bien sûr, tout n'est pas encore tout rose: la vie y est un peu plus chère qu'ailleurs; de nombreux tags continuent à enlaidir les murs des maisons coloniales du centre-ville; beaucoup de magasins - pas seulement les banques - paient des vigiles pour se protéger; l'air est pollué (il faut à tout prix remplacer ces vieux bus bleus qui donne l'impression d'être projeté dans une mine de charbon du Nord-Pas-de-Calais du 19e siècle à chacun de leur passage); les rues, désertes après 19 heures, ont la réputation d'être peu sûres de nuit; et de nombreux jeunes qui se retrouvent aux parcs pour faire du sport courent en vieilles chaussures premier prix type Ben Simon (pour la petite histoire, cela avait bien fait rire Diana lorsque ce modèle de chaussure devint à la mode - le monde à l'envers: les ricachones qui copient les pauvres), ce qui me fait mal aux genoux rien qu'en les voyant...

Mais c'est une ville qui va de l'avant et qui donne envie de contribuer à son développement. Il semble qu'il y ait toujours quelque chose à fêter, le mondial et la Fête des Mères (encore pire que la Saint-Valentin chez nous!) ayant été les points forts de ce mois de Mai.


Parque de La Madre


Les pins du Parque Calderón, vus du sommet de la cathédrale


Un dimanche à Cuenca


Après une petite grasse-mat' (ben oui, la veille étant un samedi, nous avions investi les bars de la Calle Larga) et un bon petit-déjeuner bien complet (jus d'orange pressé, chocolat au lait, œufs brouillés, riz, pains de yucca), je me lance dans une session Skype* d'au moins 2 heures. Puis, le riz et les œufs brouillés digérés, je décide de courir une petite heure le long du Tomebamba (une des 4 rivières qui traversent Cuenca); les parcs sont bondés, toutes les installations sportives sont prises d'assaut par les gamins sous les regards amusés des parents; je remonte vers le restau où travaille Diana pour récupérer les clés de l'appart; un regard sur l'église San Blas, au loin dans le prolongement de la rue Simón Bolívar et je me félicite de rentrer: de gros nuages noirs avancent sur la ville à toute vitesse alors que les derniers rayons de soleil font encore scintiller la coupole; une petite douche (ouf! il y a de l'eau, et elle est chaude; sauvée jusqu'à demain ;) je zappe quelques novelas - tellement bien jouées qu'elles donnent envie de primer Dallas à Cannes - puis décide d'attendre Diana à la sortie de son boulot pour ensuite étrenner ensemble mon nouveau ballon de basket au Parque de la Madre. Le téléphone sonne; Paulina (la gérante du restau et amie de Diana) a un plan pour le soir: tester les eaux thermales de Baños, un village à 20 minutes en voiture. Nous en sortons propres et décontractées, mais avec une faim de loup... Un petit passage au chinois (les seuls ouverts à toute heure du jour et de la nuit, comme dans tous les pays du monde) pour un chaulafán (sorte de riz frit à tout ce qu'on veut) réconciliera tout le monde avant de rentrer se coucher.


*Skype: chez les Ruitton-Allinieux, le concept est un chouïa particulier et vaut peut-être quelques lignes d'explication. 
En général, je dois appeler tous les portables et lignes fixes de la famille avant de tomber sur quelqu'un - MC étant la seule valeur sûre qui décroche tout le temps - mais une fois en conversation, c'est un véritable branle-bas le combat qui se déclenche: tous les téléphones de tous les membres de la famille sonnent en même temps et nous réussissons à finalement tenir une conversation à 5 ou 6.
Exemple: J'appelle sur le portable d'Enguerran, auquel répond Maman car elle est assise à côté de lui dans la voiture; au bout de quelques minutes, Marie-Camille appelle sur le portable de Maman (comment a-t-elle su??? le mystère reste entier) et réclame notre attention; Maman la met sur haut-parleur; j'entends Papa crier qu'il me fait un bisou (il est en effet à côté de Marie-Camille car en formation à Lyon pour quelques jours); mais les interférences portables-ordis associées à ma connexion Internet peu performante m'obligent à raccrocher; je rappelle sur le portable d'Enguerran, ça ne marche plus; j'essaie celui de Marie-Camille, qui me prend en double-appel; Maman est donc mise sur la touche, mais elle n'a bien entendu pas dit son dernier mot; elle appelle donc sur le portable de Papa (que je vois à côté de Mimi - elle sait enfin faire marcher sa webcam - avec un magnifique micro de speakrine) et demande directement ce que je pensais de la cuisine Route de Vienne - oui, je viens d'ouvrir les photos; il la met sur haut-parleur afin de poursuivre la conversation, l'air de rien; tout le monde donne son avis sur Iseult en S, la rapidité d'action des assurances, et comment va Bernarde, le tout régulièrement ponctué de 'ENGUERRAN RALENTIS!!!!' - puisqu'ils sont sur l'Autoroute, pour ceux qui n'auraient pas suivi... vous suivez le concept ?



Entraînements à Cajas


Bien évidemment, j'avais aussi en tête de profiter de mon séjour ici pour faire un sommet, et après 8 semaines au niveau de la mer, il a bien fallu que je m'entraîne un poil...

Mon terrain de jeux a été le parc national Cajas, à une heure de Cuenca: situé entre 3.800 et 4.300 mètres d'altitude, il protège un páramo magnifique. Souvent baigné dans un léger brouillard, cet ensemble de lacs et de collines modelé par les anciens glaciers rappelle les highlands écossais... C'est un désert que devaient traverser les Incas pour rejoindre la côte.

J'y ai emmené Maikol un après-midi avec en tête de monter au Cerro San Luis (4.267 mètres), une courte grimpe d'à peine une heure mais qui donne un point de vue magnifique sur le parc; la journée s'est soldée par 5 heures de marche: après avoir perdu le sentier, nous avons finalement décidé de faire le tour de la montagne, à l'ancienne, en mode explo-machète-sans-la-machète, "comme si on devait chercher les vaches perdues de mon grand-père" disait Maikol.


5 minutes de marche, et déjà une chute à mon actif - le chemin est ultra-boueux; j'avais instinctivement mis la main pour me rattraper... dommage, il y avait cette plante pleine d'épines juste dessous !!

20 échardes plus tard...



Pour la petite anecdote, j'aurais mieux fait de traverser ce bras de lac les chaussures aux pieds puisqu'après les avoir faites tomber à l'eau, j'ai du les récupérer presque à la nage... Maikol était bidonné en prenant cette photo!)

Ces arbres ne vous rappellent rien ? Les polylepis, qui poussent aussi près du Chimborazo !



La 2ème tentative fut la bonne: sentier trouvé, sommet atteint.
Et hop, un nouveau 4.000 les doigts dans le nez !


Ayampe


Le dernier week-end, Diana et moi avons décidé de nous chouchouter : voiture louée, hôtel réservé, sortie du boulot avancée de 2 heures négociée... BIM! direction la côte, histoire de profiter du soleil et des vagues d'Ayampe, un tout petit village sur la côte de Manabí. 

La descente de Cajas vers la côte est impressionnante.

Il faut tout d'abord traverser une épaisse couche de brouillard, présente tout au long de l'année. Protége-t-elle les hauts plateaux des monos hardis en quête de fraîcheur ou la côte des serranos en manque de chaleur? Quoiqu'il en soit, ce brouillard semble être LA frontière physique costa / sierra qui fait passer le jus de coco de Puerto Inca ou la truite de Cajas pour une récompense bien méritée.

Mais aussi parce que perdre 4 km d'altitude en moins de 2 heures nous conduit du páramo aux bananeraies; l'air s'humidifie et prend 20 degrés d'un coup; la végétation devient luxuriante et les maisons évoluent: le bois est peu à peu préféré au pisé, les fenêtres se font plus grandes et plus nombreuses, des pilotis apparaissent...

Tout était parfait, nous chantions Maná à tue-tête, lorsque vers 19 heures, nous nous sommes heurtées à un nouvel obstacle: le manque de signalisation à Guayaquil. Nous y avons conduit de station-service en station-service pour demander notre chemin; un couple de médecins - des gens adorables qui nous ont hyper-bien renseignées - nous a même conseillé de passer la nuit sur place et de reprendre la route le lendemain (C'est très dangereux! La route est empruntée par d'énormes camions et vous avez une toute petite voiture de ville! Ils vont vous écraser! Et pour demander votre chemin, ici, la nuit, dans des endroits isolés, c'est très risqué! Oui. Certes. Mais Guayaquil c'est grand, moche, pollué et très peuplé. Ça me fait encore plus peur. Et je suis une guerrière moi: j'ai traversé la Bosnie en camping-car et j'ai gardé MC quand elle était bébé ET en 1ère année de médecine; bref, j'ai peur de rien. Et j'avais réservé l'hôtel. Et on avait peu de temps. On continue.) 

Et après 9 heures de route (pour moins de 400 km selon Google Maps) et une tentative échouée de raccourci par une piste défoncée où nous avons été contraintes de rebrousser chemin lorsqu'un fossé nous a barré la route (et fait perdre une heure), nous étions enfin allongées dans une belle chambre toute propre, à écouter les bruits nocturnes de la forêt et les vagues se casser sur la plage...


La température et les vagues étaient parfaites pour moi !! Surfer sans combi, c'est quand même vraiment agréable...

'Éducation pour tous'
Un des innombrables panneaux qui rappellent régulièrement les actions du gouvernement, le long de l'autoroute Salinas-Guayaquil.


Cayambe



Autre petite aventure digne d'être comptée: ma tentative d’ascension du Cayambe.

Le Cayambe (5.790 mètres) est le 3ème volcan d'Équateur, situé au nord de Quito. Beaucoup moins prisé que le Cotopaxi, son ascension est un peu plus aventureuse. Il faut en effet faire 25 km de piste très aérienne (qui me paraissait impraticable par endroit, mais à ma grande surprise, le 4x4 passait à chaque fois!) en à peu près 1h30 pour accéder au refuge, à 4.600 mètres. Et l'absence de 'sentier officiel', le glacier évoluant en permanence, oblige le guide à 'tracer' la meilleure route à chaque fois. 

J'ai à la fois joué de chance et de malchance.

Chance de par la vue dégagée la majeure partie du temps: voir les lumières d'Otavalo sous un ciel constellé de millions d'étoiles et ponctuellement zébré par les éclairs d'orages lointains dans les nuages en contre-bas est un spectacle magique. Chance aussi car j'avais une forme olympique; mon cocktail CC+ (Course à pied + Cajas) a semble-t-il très bien fonctionné.

Malheureusement, une très forte activité orageuse juste au dessus du sommet (pas de tempête de neige, de pluie, de vent, de grêle, rien de tout ça... tout était dégagé... juste des énormes éclairs suivis de roulements de tonnerre à terroriser Chuck Norris...) et une température bien trop clémente qui fragilisait la couche de neige nous ont obligés à redescendre alors que nous étions à environ 5.500 mètres d'altitude.

À retenter donc !

Une fesse dans chaque hémisphère :D (route Quito-Cayambe)

Pour info, le volcan Cayambe est situé sur l'équateur, ce qui fait d'un point de son flanc sud à environ 4.600 mètres d'altitude le lieu le plus haut et le seul endroit enneigé de la ligne équinoxiale.

Un léger souffle de vent et cette pierre terminera sa course dans la vallée...?

"Euh... Alors c'est pas dur: on monte tout droit en passant à droite de ce rocher là-bas..."

Elle est pas belle cette montagne?
Alors que le Coto, j'ai beau avoir mis les pieds dessus, je ne l'ai jamais vu !! ;)

Pourquoi mettre 2 heures pour rejoindre Otavalo ? Un peu d'élan et on y est !

***

Je suis maintenant de retour aux Philippines, et espère partager de nouvelles aventures dans les semaines à venir.

Joyeux Roland Garros et Bonne Coupe du Monde à tous !!

N'oubliez pas de suivre le France-Équateur pour moi le 25 juin! Dur-dur d'être embarquée sur cette période de l'année, je vais demander une augmentation de prime moi ;) Ceci dit, j'ai eu les JO; on ne peut pas non plus avoir le beurre, l'argent du beurre, et le crémier...


Vol Cuenca-Guayaquil de TAME en ATR 42... mon 2ème vol commercial à hélices :)
Merci Esther !!