01 mai 2018

¡Que viva México!

Tout a commencé par une visite de Marie* à Grenoble, et un anodin verre de vin face à ma carte de voyage. Puis l'étincelle : une destination rêvée commune... suivie d'un créneau commun improbable de 10 jours, enchaînée d'une négociation de la frangine chouchoutée par ses collègues (qui avaient pourtant déjà prévu une semaine de ski sur ces 10 jours-là)... ajoutez-y un concours de circonstances : Diana elle aussi en congé et en grand besoin de se ressourcer, des billets pas chers, les stations de ski bondées… 

Bref. Quelques jours plus tard, ma team mexicaine (collègues et amis de voyage) recevait la nouvelle: « préparez votre canap', on débarque le mois prochain ! » 


Pour ne pas oublier notre frayeur de dernière minute lorsque nous avons réalisé (après avoir acheté les billets bien sûr) que Diana avait besoin d'un visa !!
Un départ sans stress n'est pas un vrai départ en vacances de toute façon.

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* Vous la connaissez déjà, je tiens donc à rappeler qu'elle est venue en connaissance de cause, voir nos précédentes aventures ici et .



Les tremblements de terre


Après une longue traversée de l'Atlantique sans histoire (et en A380 !), nous avons été accueillies dans la plus pure tradition locale : heure de pointe, bouchons, pollution, quesadillas… et tremblements de terre (oui oui, au pluriel !)


Lors du premier séisme, nous étions dans un trolley, sur le point de retrouver José, après une belle journée passée dans le centre historique de la ville. Perdue dans mes pensées, je regardais vaguement par la fenêtre lorsque Diana me dit très sérieusement : 

"Écoute, c’est une alerte sismique !"

Hahaha c’est ça, comme à Walibi ? 
Mais en y prêtant plus attention, je remarquai  que le trolley n'avançait plus, et que de plus en plus de monde sortait des bâtiments. En 15 secondes, des milliers de personnes avaient formé une masse compacte au milieu de la rue. Traffic paralysé bien entendu. 

Deux passagers tentent de rassurer : "Restez tranquille, tout va bien se passer" (ce qui est aussi efficace que répondre à Maman au téléphone dans la seconde en commençant par "surtout ne t'inquiète pas...")

Je tape rapidement sismo méxico sur mon portable, Google me renvoie des lettres sur fond rouge : 

Alerta sismica 
Epicentro Pinotepa Nacional, Oaxaca 
Magnitud 7.2 
Llegará a CDMX dentro de 56 segundos
...

Oups. Ça a l'air sérieux. L'omniscience instantanée de Google m'a laissée bouche bée.

Grand silence. Et soudain, une légère secousse. Les panneaux se mettent à danser, les voitures à balancer et les câbles électriques à se prendre pour des cordes à sauter. Quelques cris de panique rompent de temps en temps un silence pesant. 

Enfin, quelques passagers murmurent « ya pasó, ya pasó… » 

Les minutes passent, pendant lesquelles les kiosques ferment et la foule recommence à parler. Et enfin, le message officiel relayé par les 10.000 haut-parleurs de la ville annonce les phrases libératrices : la secousse est passée, pas de gros dégâts ni de victimes, vous pouvez rentrer, vérifiez bien vos maison, et ne restez pas près des grands bâtiments, etc.

Ouf! Environ 20 minutes plus tard, la circulation routière reprenait. Notre trolley en revanche, devait attendre que l’électricité soit rétablie, ce qui prit près d'une heure, beaucoup trop pour ma patience légendaire. Nous sommes donc rentrées à pied, dépassées par notre trolley à mi-chemin évidemment.


Notre deuxième séisme est arrivé en pleine nuit, après une soirée au cours de laquelle une amie française, qui habite maintenant Mexico, nous avait bien briefées : si tu estimes avoir besoin de moins d’une minute trente pour sortir du bâtiment, fonce. Si non, jette-toi sous une table ou n’importe quelle structure qui pourrait un tant soit peu te protéger des objets tombants, et si possible dans une salle d’eau pour avoir de quoi survivre pendant qu’on te cherche sous les décombres (brrr...) L’ironie du sort était de pouvoir mettre en application tous ces conseils à peine quelques heures plus tard ! 

1h30 du matin, l’alerte sonne de nouveau. Je ne l’avais pas entendu évidemment, mais Diana m’a secouée comme un prunier en me disant "Il faut sortir tout de suite !". 

J’ai réagi en bon marin offshore de Mer du Nord : on se calme, on met des vêtements chauds et des chaussures et on ne court pas. En plus, c’est sûrement une réplique du précédent, qui n’avait pas causé de gros dégâts, alors pis de panaque, tout va bien se passer.

Pendant ce temps, Diana avait déjà pris les téléphones et nos passeports, et m’attendait dans le hall en me disant de me dépêcher (une vraie mexicaine super entraînée). Mais lorsque j'enfilai mes chaussures, le bâtiment tremblait déjà… 

Bien que tout-à-fait consciente que si jamais le séisme était vraiment puissant, mieux valait rester dans l'appartement que courir dans la cage d’escalier, nous sommes malgré tout descendues (non sans fermer à clé, paranoïa quand tu nous tiens) au cas où le gardien de l’immeuble vérifierait qui manquait à l'appel.

Et là, c’était juste une grande street-pyjama-party ! J’étais la seule habillée je crois. 

Nous sommes remontées à l'appart après une dizaine de minutes, lorsque les premières familles regagnèrent leur maison. Mais impossible de me rendormir après ça ! Et nous devions nous réveiller à 5 heures du mat’ pour découvrir Teotihuacán, avant de passer la soirée dans le beau quartier d’Ana. Une bonne grosse journée blindée. Mais qui a dit que les vacances étaient faites pour se reposer ?? Je dormirai sur mon bateau.



Alerte sismique au milieu de la nuit et montgolfière au petit matin,
un début de journée comme on n'en fait plus. 


Même si parler de traumatisme est très exagéré, je dois avouer que les jours suivants, chaque bruit suspect (musique, klaxon, sirène...) me faisait penser à une alerte sismique; et chaque fois que je commençais une opération qui allait prendre quelques instants (un truc aussi bête qu'une douche, s'habiller, transvaser de l'eau d'un bidon vers une bouteille ou aller aux toilettes), je m'interrogeais sur quoi faire si l'alarme sonnait à ce moment précis. Aussi ridicule que cela puisse paraître. 

Cette hantise de savoir qu'un séisme peut se déclencher à tout moment est un sentiment vraiment particulier, que j'avais déjà essayé d'imaginer mais n'avais encore jamais ressenti. Mais ce petit aperçu des angoisses quotidiennes que vit cette population traumatisée par des épisodes bien plus graves, n'a pas duré longtemps : cela fait plusieurs semaines que j'ai retrouvé mon sommeil légendaire, ne vous inquiétez donc pas pour moi :)



L’accueil mexicain


…devrait être inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Et ma team mexicaine en serait l'ambassadrice. Voyez plutôt:

En pole position, il y aurait Gabriela, rencontrée en cours de portugais à Olinda l’année dernière; elle m'a interdit de réserver quoi que ce soit à Mexico et nous a mis à disposition son appart sans même y être elle-même.

Mon collègue Christian, avec lequel j'ai travaillé 2 semaines en novembre dernier, nous a invitées dans sa maison, a décalé ses vacances pour être disponible durant notre visite, nous a montré les plus beaux coins de sa région, présentées à son meilleur ami... nous avons passé un séjour inoubliable en sa compagnie !

Ana, une autre amie de mon école de portugais, s’est libérée deux soirs pour nous inviter à manger mexicain, une fois en ville et l'autre fois chez elle. L'idée de survoler Teotihuacán en montgolfière venait d'elle. Elle semble connaître son pays sur le bout des doigts, et m'a écrit une tonne de conseils valant bien le Lonely et le Routard réunis (section $$$ par contre ;)

Mon collègue et ami Iván, bien qu'absent, m'a bombardée de recommandations au point de saturer la mémoire de mon téléphone (certes, j'ai une très petite mémoire).

Mais je pense aussi à tous ces petits commerçants qui nous vendaient leurs petits-déjeuners, jus de fruit ou cartes SIM avec le sourire et sans chercher à nous coller le prix gringo.

Ou ce jeune de l’office de tourisme de Puebla, qui s’est confondu en excuses lorsque nous lui avons parlé d’un restaurant où le service était particulièrement exécrable (notre seule mauvaise expérience).

Et d’une manière plus générale, cette préoccupation constante qu’eut beaucoup de monde à nous demander si le Mexique nous plaisait, si nous avions goûté tel ou tel plat, vu telle ou telle pyramide, où nous nous rendions ensuite, etc. Mais où étaient donc les narcotrafiquants coupeurs de doigts et demandeurs de rançon ???


Lorsqu'Ana nous explique la cuisine mexicaine



Le retour en Amérique Latine


Ce voyage avait une saveur particulière pour Diana, qui retrouvait l'Amérique Hispanophone après plus d'un an d'absence. Si vous aviez vu ses yeux plein d'émotion lorsque nous sortions de l'appartement le matin, et que la rue s'animait ! 
Ici, un ado passant le balais devant une boutique sur le point d'ouvrir; là, deux femmes s'affairant autour d'une presse à tortillas; en face, une fenêtre ouverte d'où sort une musique à plein volume; au coin de la rue, des personnes âgées refaisant le monde sous un arbre qui probablement était déjà là lors des très politisés JO d'été de 68; le tout baigné d'une odeur de barbecue, entrecoupé des cris des vendeurs ambulants interrompus par une voiture plus vieille que moi passant en trombe dans un vacarme assourdissant et dépassant la BMW X5 rutilante arrêtée devant le poste à tortillas...
Rien n'est parfait dans ces scènes matinales. Bien sûr que l'ado devrait probablement étudier, que la vieille Chevrolet ne respecte sûrement pas les normes anti-pollution (la BM non plus d'ailleurs...), que les hommes devraient aussi savoir faire des tortillas, qu'écouter fort sa musique peut déranger les voisins, et que les rues seraient plus agréables si elles étaient propres, calmes et sans odeur... mais cette atmosphère typiquement latine et parfois envoûtante laissait toujours Diana souriante et enjouée : "Eso es mi tierra, eso es America Latina"

Malgré tout, vivre en Europe laisse des traces. Car les moins partantes pour la location de voiture, c'était bien Diana et moi. Je ne jure que par le bus histoire de "faire plus de rencontres et profil bas" et Diana admet que si une chose ne lui manque pas, c'est bien l'insécurité (elle a même posté cette image sur notre groupe Whatsapp pour nous montrer que traverser des états classifiés comme dangereux, genre Morelos - en rouge sang coagulé sur la carte - en voiture de loc avec 3 gringas, ne l'enchantait guère...)




D'un autre côté, Marie et Isa, savoyardes vivant à Paris (aucun rapport probablement, mais sait-on jamais), nous ramenaient à la réalité : nous serions plus indépendantes, nous gagnerions du temps, nous éviterions les aléas des transports en commun locaux, et c'est même plus économique !

Finalement, c'était un super plan de se prendre une voiture pour quelques jours (même si le risque d'infarctus de Marie a dû être multiplié par 10 depuis ce voyage) alors merci les filles d'avoir insisté !


Le Popo vu de l'Izta, découvert lors d'un super road trip entre Amecameca et Puebla




Et maintenant, place aux PHOTOS !!

Le but de ce voyage ayant été plus de s'en mettre plein le bide (Diana n'en pouvait plus des tortillas) (et de faire la tournée des grands ducs avec nos amis) que de s'en mettre plein les yeux, j'ai beaucoup moins pris de photos que d'habitude. Elles sont aussi moins jolies, plus didactiques. À vous de voir !


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1 commentaire:

  1. Frédéric Ruitton-Allinieumer. juin 20, 04:15:00 PM 2018

    Hello les filles! J'ai mis le temps pour me connecter mais j'ai (enfin) tout lu! Super reportage... Comme d'hab, dirais-je encore. On ne s'en lasse pas!

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