27 mai 2014

Équateur IV

Quelques photos de ce mois de Mai, passé à Cuenca auprès de Diana !

Attention les yeux: ceci est le plus long post jamais écrit sur ce blog, alors n'hésitez pas à d'abord vous servir un café et/ou sauver le lien afin de lire en plusieurs fois, je ne le prendrai pas mal ;)

Tout a commencé par...

Mon premier vol aux antipodes



... et oui ! Pour les Français, ce seraient plutôt les Kiwis, mais pour les Philippins, ce sont les Boliviens qui marchent sur la tête :




Concrètement, il me suffisait simplement de traverser le Pacifique
(je suggère la petite pause à Hawaii ? ;) 

Source: http://www.distancefromto.net/

... mais c'était sans compter sur la logique implacable de KLM:




Heureusement (par pitié?), j'ai eu l'agréable surprise d'être surclassée pour le vol Amsterdam - Guayaquil !! :D 

J'imagine qu'ils ont pensé que j'allais enfin pouvoir me reposer... mais à vouloir profiter de tout (les apéros champagne, les repas gastronomiques, les films et la musique avec un casque super confortable, le fauteuil dans toutes les positions, les chaussettes, la couverture, la trousse de toilette...) sous le regard désabusé de ma voisine (imaginez la scène de 20 ans d'écart), je n'ai même pas pris le temps de dormir :D





... et à faire partie des privilégiés qui sortent en premiers, nous avons même failli nous louper avec Diana ! Elle voulait en effet me surprendre à l'aéroport, mais alors que je l'appelai sur son portable, juste avant de monter dans le bus, son 'Achète-moi un billet et attends-moi au guichet, j'arrive!' - tout en ordonnant à un taxi de la déposer à la gare routière - m'a fait réalisé qu'elle aussi était à Guayaquil :)


Cuenca


Quelques heures plus tard, j'arrivai enfin à Cuenca, épuisée, affamée, et vraiment heureuse à la perspective de pouvoir me reposer ici quelques semaines en partageant le quotidien de Diana tout en mûrissant mes futurs projets de voyage...

Mes premiers jours furent dédiés à l'électroménager: certes, laver à la main fonctionne bien, et n'acheter que la nourriture de la journée est très facile. Mais j'ai décidé de faire honneur aux inventeurs de la machine-à-laver et du frigo, qui sont des prouesses technologiques réellement fantastiques !! Moins de 4 semaines de sédentarisme, et déjà les goûts de luxe surgissent... Pour les curieux, quelques photos de l'appart' sont disponibles ici.

Une fois tout branché et la pile de vêtements sales engloutie par la machine, Maikol (le neveu et coloc de Diana) et moi ne nous sommes pas sentis désœuvrés pour autant: réveils tardifs (Maikol travaille généralement de 18h à 2h et se réveille donc vers 10h; moi je ne travaille pas, mais je me lève naturellement aussi vers 10h; nous nous sommes donc très bien entendus), petit-déjeuners complets, musées, expéditions de recherche à travers le centre-ville (un savon pour le visage, un ballon de basket, une esthéticienne, une bonne bouteille de vin... ne sont pas si simples à dénicher), cinés, sorties (un certain samedi soir, je lui ai enseigné le système du Happy Hour - 2 mojitos pour le prix d'1 - Excellent élève, il ne commande plus que ça depuis... c'est ce même soir que j'ai eu la meilleure note de ma vie en karaoké et dansé le bachata sans écraser les pieds de personne... aucun rapport, mais belle preuve que le mojito aide à mieux connecter les neurones, non ?!? ;)




Pour les mauvaises langues, nous sommes aussi allés courir (la première sortie s'est pour ma part soldée par un épuisement complet, mes 10 km par jour dans la salle de sport du bateau n'ayant pas fait long feu face aux 2.500 mètres d'altitude de la ville... ;)

Notre duo (pendant que Diana travaillait) fonctionnait de la façon suivante: je me concentrais sur l'aspect culturel de notre journée pour faire découvrir à Maikol sa nouvelle ville et son pays via les musées, les balades ou une petite bière (roooh... tout de suite à m'étiqueter AA... je vous rappelle que je ressors de 2 mois de sevrage; en plus, la bière sert la discussion comme le barbecue sert la Coupe du Monde: c'est le ciment qui maintient l’événement... en d'autres termes, c'était juste pour discuter tranquillement, lorsque par exemple Maikol me demande de lui décrire la côte et s'étonne qu'il n'y ait pas de montagnes là-bas. C'est l'idée, on descend les Andes pour rejoindre la plaine, et là-bas, 2 km dessous, il fait très chaud! Combien ? 30 degrés peut-être. Ça fait combien? Ça fait que Diana devient noire et moi rouge. Et faire du surf c'est dur? etc.), occupations tout à fait inhabituelles lorsque la principale priorité est de payer le loyer à la fin du mois - pendant que Maikol à son tour me faisait découvrir la ville vue par les cuencanos... 

Vivre à Cuenca vs. Visiter Cuenca résumé:


Cuenca Culture


Commençons par une petite mise en contexte, Santa Ana de los Cuatro Ríos de Cuenca n'étant pas la ville la plus connue internationalement, bien que 3ème ville du pays (après Guayaquil, puis la capitale Quito) avec un demi million d'habitants. 

La ville est construite dans les Andes, sur la Pan-Am, à 300 km de Quito (ou 10h de bus... heureusement, un petit aéroport juste en face de la gare routière dessert Guayaquil et Quito plusieurs fois par jour pour parfois moins de 40 euros), et son centre historique est classé à l'UNESCO.

Sur les toits de la Nouvelle Cathédrale

Ancienne ville cañarie, elle fut conquise et renommée Tomebamba par les Incas moins de 50 ans avant que les espagnols n'y arrivent. Mais comme l'empereur Huayna Cápac y naquit, les Incas eurent le temps d'en faire une importante capitale régionale, qui fut aussi belle que Cuzco selon certaines sources. Malheureusement, la ville ne résista pas aux querelles internes incas (quand les frangins Atahualpa et Huáscar - les fils de Huayna Cápac - se sont entretués pour le trône) et/ou à ses habitants (qui ne voulaient pas la voir passer à l'ennemi), et ce ne sont que des ruines - au lieu de l'El Dorado tant espéré - que découvrirent les espagnols à leur arrivée, au milieu du 16e siècle.

Les ruines de l'ancienne Tomebamba (Musée Pumapungo)

De nos jours, c'est un point stratégique où métisses (la majorité de la population équatorienne, de sang espagnol, inca et indigène - comme Diana typiquement, bien qu'elle donne l'impression que le seul européen qui ait contribué à diversifié son sang mourut probablement en 1618... ne lui dites pas que j'ai dit ça!), indigènes (les descendants des cañaris - et sûrement un peu des incas aussi - typiques comme on se les imagine avec les chapeaux melons, ponchos colorés, bébés dans le dos, conversant en quechua, etc. qui viennent vendre leurs produits frais aux marchés) et expats (pour la majorité des Américains) cohabitent. Plus de la moitié de la population a moins de 25 ans.

Du fait de l'altitude, le temps à Cuenca n'est pas du tout celui qu'on attendrait d'une ville située à cette latitude (3°S). Lorsqu'il fait soleil, il y fait chaud comme en été, mais après 18 heures, on supporte très bien le sweat, voire la polaire. Les mois de Mars-Avril-Mai sont pluvieux (ce qui se traduit par une alternance permanente de phases soleil + chaleur > T-Shirt + lunettes de soleil obligatoires et pluie + froid > pull et pas-de-lunettes-sinon-on-n-y-voit-plus-rien-tellement-il-y-a-des-gros-nuages-noirs, avec changement de phase toutes les 10 minutes SANS EXAGÉRER). Juin, Juillet et Août sont les mois secs et chauds (idéaux pour aller se faire quelques volcans).

Une grande fierté de la ville (au point de lui avoir dédié un stade et un parc avec une piste d'athlétisme autour de laquelle s'entraînent les nombreux motivés à toute heure du jour et de la nuit) s'appelle Jefferson Pérez, multi-champion du monde et olympique de marche athlétique (les seules médailles olympiques équatoriennes, en 1996 et 2008)


Vivre à Cuenca


J'ai re-découvert une ville très dynamique, qui se transforme de jour en jour... La municipalité est en effet très active, et a aménagé plusieurs parcs avec des aires de jeux pour les enfants, des terrains de basket, des équipements pour faire de la gym et du fitness au grand air, mis à la disposition de tous; un planétarium projette des films pédagogiques d'une demi-heure, gratuitement, plusieurs fois par jour; le réseau de bus se perfectionne; la ville est de plus en plus propre; les vieux bâtiments coloniaux sont rénovés petit à petit...

Bien sûr, tout n'est pas encore tout rose: la vie y est un peu plus chère qu'ailleurs; de nombreux tags continuent à enlaidir les murs des maisons coloniales du centre-ville; beaucoup de magasins - pas seulement les banques - paient des vigiles pour se protéger; l'air est pollué (il faut à tout prix remplacer ces vieux bus bleus qui donne l'impression d'être projeté dans une mine de charbon du Nord-Pas-de-Calais du 19e siècle à chacun de leur passage); les rues, désertes après 19 heures, ont la réputation d'être peu sûres de nuit; et de nombreux jeunes qui se retrouvent aux parcs pour faire du sport courent en vieilles chaussures premier prix type Ben Simon (pour la petite histoire, cela avait bien fait rire Diana lorsque ce modèle de chaussure devint à la mode - le monde à l'envers: les ricachones qui copient les pauvres), ce qui me fait mal aux genoux rien qu'en les voyant...

Mais c'est une ville qui va de l'avant et qui donne envie de contribuer à son développement. Il semble qu'il y ait toujours quelque chose à fêter, le mondial et la Fête des Mères (encore pire que la Saint-Valentin chez nous!) ayant été les points forts de ce mois de Mai.


Parque de La Madre


Les pins du Parque Calderón, vus du sommet de la cathédrale


Un dimanche à Cuenca


Après une petite grasse-mat' (ben oui, la veille étant un samedi, nous avions investi les bars de la Calle Larga) et un bon petit-déjeuner bien complet (jus d'orange pressé, chocolat au lait, œufs brouillés, riz, pains de yucca), je me lance dans une session Skype* d'au moins 2 heures. Puis, le riz et les œufs brouillés digérés, je décide de courir une petite heure le long du Tomebamba (une des 4 rivières qui traversent Cuenca); les parcs sont bondés, toutes les installations sportives sont prises d'assaut par les gamins sous les regards amusés des parents; je remonte vers le restau où travaille Diana pour récupérer les clés de l'appart; un regard sur l'église San Blas, au loin dans le prolongement de la rue Simón Bolívar et je me félicite de rentrer: de gros nuages noirs avancent sur la ville à toute vitesse alors que les derniers rayons de soleil font encore scintiller la coupole; une petite douche (ouf! il y a de l'eau, et elle est chaude; sauvée jusqu'à demain ;) je zappe quelques novelas - tellement bien jouées qu'elles donnent envie de primer Dallas à Cannes - puis décide d'attendre Diana à la sortie de son boulot pour ensuite étrenner ensemble mon nouveau ballon de basket au Parque de la Madre. Le téléphone sonne; Paulina (la gérante du restau et amie de Diana) a un plan pour le soir: tester les eaux thermales de Baños, un village à 20 minutes en voiture. Nous en sortons propres et décontractées, mais avec une faim de loup... Un petit passage au chinois (les seuls ouverts à toute heure du jour et de la nuit, comme dans tous les pays du monde) pour un chaulafán (sorte de riz frit à tout ce qu'on veut) réconciliera tout le monde avant de rentrer se coucher.


*Skype: chez les Ruitton-Allinieux, le concept est un chouïa particulier et vaut peut-être quelques lignes d'explication. 
En général, je dois appeler tous les portables et lignes fixes de la famille avant de tomber sur quelqu'un - MC étant la seule valeur sûre qui décroche tout le temps - mais une fois en conversation, c'est un véritable branle-bas le combat qui se déclenche: tous les téléphones de tous les membres de la famille sonnent en même temps et nous réussissons à finalement tenir une conversation à 5 ou 6.
Exemple: J'appelle sur le portable d'Enguerran, auquel répond Maman car elle est assise à côté de lui dans la voiture; au bout de quelques minutes, Marie-Camille appelle sur le portable de Maman (comment a-t-elle su??? le mystère reste entier) et réclame notre attention; Maman la met sur haut-parleur; j'entends Papa crier qu'il me fait un bisou (il est en effet à côté de Marie-Camille car en formation à Lyon pour quelques jours); mais les interférences portables-ordis associées à ma connexion Internet peu performante m'obligent à raccrocher; je rappelle sur le portable d'Enguerran, ça ne marche plus; j'essaie celui de Marie-Camille, qui me prend en double-appel; Maman est donc mise sur la touche, mais elle n'a bien entendu pas dit son dernier mot; elle appelle donc sur le portable de Papa (que je vois à côté de Mimi - elle sait enfin faire marcher sa webcam - avec un magnifique micro de speakrine) et demande directement ce que je pensais de la cuisine Route de Vienne - oui, je viens d'ouvrir les photos; il la met sur haut-parleur afin de poursuivre la conversation, l'air de rien; tout le monde donne son avis sur Iseult en S, la rapidité d'action des assurances, et comment va Bernarde, le tout régulièrement ponctué de 'ENGUERRAN RALENTIS!!!!' - puisqu'ils sont sur l'Autoroute, pour ceux qui n'auraient pas suivi... vous suivez le concept ?



Entraînements à Cajas


Bien évidemment, j'avais aussi en tête de profiter de mon séjour ici pour faire un sommet, et après 8 semaines au niveau de la mer, il a bien fallu que je m'entraîne un poil...

Mon terrain de jeux a été le parc national Cajas, à une heure de Cuenca: situé entre 3.800 et 4.300 mètres d'altitude, il protège un páramo magnifique. Souvent baigné dans un léger brouillard, cet ensemble de lacs et de collines modelé par les anciens glaciers rappelle les highlands écossais... C'est un désert que devaient traverser les Incas pour rejoindre la côte.

J'y ai emmené Maikol un après-midi avec en tête de monter au Cerro San Luis (4.267 mètres), une courte grimpe d'à peine une heure mais qui donne un point de vue magnifique sur le parc; la journée s'est soldée par 5 heures de marche: après avoir perdu le sentier, nous avons finalement décidé de faire le tour de la montagne, à l'ancienne, en mode explo-machète-sans-la-machète, "comme si on devait chercher les vaches perdues de mon grand-père" disait Maikol.


5 minutes de marche, et déjà une chute à mon actif - le chemin est ultra-boueux; j'avais instinctivement mis la main pour me rattraper... dommage, il y avait cette plante pleine d'épines juste dessous !!

20 échardes plus tard...



Pour la petite anecdote, j'aurais mieux fait de traverser ce bras de lac les chaussures aux pieds puisqu'après les avoir faites tomber à l'eau, j'ai du les récupérer presque à la nage... Maikol était bidonné en prenant cette photo!)

Ces arbres ne vous rappellent rien ? Les polylepis, qui poussent aussi près du Chimborazo !



La 2ème tentative fut la bonne: sentier trouvé, sommet atteint.
Et hop, un nouveau 4.000 les doigts dans le nez !


Ayampe


Le dernier week-end, Diana et moi avons décidé de nous chouchouter : voiture louée, hôtel réservé, sortie du boulot avancée de 2 heures négociée... BIM! direction la côte, histoire de profiter du soleil et des vagues d'Ayampe, un tout petit village sur la côte de Manabí. 

La descente de Cajas vers la côte est impressionnante.

Il faut tout d'abord traverser une épaisse couche de brouillard, présente tout au long de l'année. Protége-t-elle les hauts plateaux des monos hardis en quête de fraîcheur ou la côte des serranos en manque de chaleur? Quoiqu'il en soit, ce brouillard semble être LA frontière physique costa / sierra qui fait passer le jus de coco de Puerto Inca ou la truite de Cajas pour une récompense bien méritée.

Mais aussi parce que perdre 4 km d'altitude en moins de 2 heures nous conduit du páramo aux bananeraies; l'air s'humidifie et prend 20 degrés d'un coup; la végétation devient luxuriante et les maisons évoluent: le bois est peu à peu préféré au pisé, les fenêtres se font plus grandes et plus nombreuses, des pilotis apparaissent...

Tout était parfait, nous chantions Maná à tue-tête, lorsque vers 19 heures, nous nous sommes heurtées à un nouvel obstacle: le manque de signalisation à Guayaquil. Nous y avons conduit de station-service en station-service pour demander notre chemin; un couple de médecins - des gens adorables qui nous ont hyper-bien renseignées - nous a même conseillé de passer la nuit sur place et de reprendre la route le lendemain (C'est très dangereux! La route est empruntée par d'énormes camions et vous avez une toute petite voiture de ville! Ils vont vous écraser! Et pour demander votre chemin, ici, la nuit, dans des endroits isolés, c'est très risqué! Oui. Certes. Mais Guayaquil c'est grand, moche, pollué et très peuplé. Ça me fait encore plus peur. Et je suis une guerrière moi: j'ai traversé la Bosnie en camping-car et j'ai gardé MC quand elle était bébé ET en 1ère année de médecine; bref, j'ai peur de rien. Et j'avais réservé l'hôtel. Et on avait peu de temps. On continue.) 

Et après 9 heures de route (pour moins de 400 km selon Google Maps) et une tentative échouée de raccourci par une piste défoncée où nous avons été contraintes de rebrousser chemin lorsqu'un fossé nous a barré la route (et fait perdre une heure), nous étions enfin allongées dans une belle chambre toute propre, à écouter les bruits nocturnes de la forêt et les vagues se casser sur la plage...


La température et les vagues étaient parfaites pour moi !! Surfer sans combi, c'est quand même vraiment agréable...

'Éducation pour tous'
Un des innombrables panneaux qui rappellent régulièrement les actions du gouvernement, le long de l'autoroute Salinas-Guayaquil.


Cayambe



Autre petite aventure digne d'être comptée: ma tentative d’ascension du Cayambe.

Le Cayambe (5.790 mètres) est le 3ème volcan d'Équateur, situé au nord de Quito. Beaucoup moins prisé que le Cotopaxi, son ascension est un peu plus aventureuse. Il faut en effet faire 25 km de piste très aérienne (qui me paraissait impraticable par endroit, mais à ma grande surprise, le 4x4 passait à chaque fois!) en à peu près 1h30 pour accéder au refuge, à 4.600 mètres. Et l'absence de 'sentier officiel', le glacier évoluant en permanence, oblige le guide à 'tracer' la meilleure route à chaque fois. 

J'ai à la fois joué de chance et de malchance.

Chance de par la vue dégagée la majeure partie du temps: voir les lumières d'Otavalo sous un ciel constellé de millions d'étoiles et ponctuellement zébré par les éclairs d'orages lointains dans les nuages en contre-bas est un spectacle magique. Chance aussi car j'avais une forme olympique; mon cocktail CC+ (Course à pied + Cajas) a semble-t-il très bien fonctionné.

Malheureusement, une très forte activité orageuse juste au dessus du sommet (pas de tempête de neige, de pluie, de vent, de grêle, rien de tout ça... tout était dégagé... juste des énormes éclairs suivis de roulements de tonnerre à terroriser Chuck Norris...) et une température bien trop clémente qui fragilisait la couche de neige nous ont obligés à redescendre alors que nous étions à environ 5.500 mètres d'altitude.

À retenter donc !

Une fesse dans chaque hémisphère :D (route Quito-Cayambe)

Pour info, le volcan Cayambe est situé sur l'équateur, ce qui fait d'un point de son flanc sud à environ 4.600 mètres d'altitude le lieu le plus haut et le seul endroit enneigé de la ligne équinoxiale.

Un léger souffle de vent et cette pierre terminera sa course dans la vallée...?

"Euh... Alors c'est pas dur: on monte tout droit en passant à droite de ce rocher là-bas..."

Elle est pas belle cette montagne?
Alors que le Coto, j'ai beau avoir mis les pieds dessus, je ne l'ai jamais vu !! ;)

Pourquoi mettre 2 heures pour rejoindre Otavalo ? Un peu d'élan et on y est !

***

Je suis maintenant de retour aux Philippines, et espère partager de nouvelles aventures dans les semaines à venir.

Joyeux Roland Garros et Bonne Coupe du Monde à tous !!

N'oubliez pas de suivre le France-Équateur pour moi le 25 juin! Dur-dur d'être embarquée sur cette période de l'année, je vais demander une augmentation de prime moi ;) Ceci dit, j'ai eu les JO; on ne peut pas non plus avoir le beurre, l'argent du beurre, et le crémier...


Vol Cuenca-Guayaquil de TAME en ATR 42... mon 2ème vol commercial à hélices :)
Merci Esther !!

05 mai 2014

Philippines

Après 8 semaines de boulot, enfin les VACANCES !!!! Compte-tenu de ma position géographique (une première pour moi dans cette région du monde!), je pensais partir pour un trek au Népal ou surfer les vagues de Bali... c'était sans compter sur mon addiction à l'Équateur (vous voyez une autre raison ?!?!? ;) qui m'a finalement poussée à adopter le plan suivant: terminer mon visa philippin chez Quentin et Mèl (imaginez la honte: passer 2 mois aux Philippines et ne connaître que l'aéroport et cette Mer de Chine Méridionale qui ressemble comme 2 gouttes d'eau - haha, allez-y, riez maintenant... - à la Mer d'Iroise, température mise à part - 28 degrés quand même!) puis partir me reposer aux Antipodes.

Cette petite semaine aux Philippines m'a permis de connaître un peu Manille, profiter du trou où habitent Quentin et Mél, découvrir la (dure) vie des VIE, et de marcher dans les rizières de Batad...



Une ville monstrueuse (la 2ème plus grande où j'ai mis les pieds après New-York), extrêmement polluée, écrasée par une chaleur tropicale, constamment congestionnée (le moindre trajet en taxi prend au minimum 20 minutes, même pour faire 2 km), et malheureusement complètement détruite pendant la 2nde guerre mondiale (du même ordre de grandeur que Varsovie ou Hiroshima!). Il faut donc faire preuve d'imagination pour admirer les belles rues coloniales de la Perle de l'Orient, fondée aux XVIe s. par les Espagnols. En revanche, il en faudra beaucoup moins pour reconnaître les signes du demi-siècle d'occupation américaine qui précéda l'indépendance du pays: panneaux publicitaires immenses, 4x4, centres commerciaux ultra-modernes gigantesques, un Starbuck's tous les 200 mètres... Parcourir Ayala Avenue (qui fut une piste de l'ancien aéroport) vers 9 heures du matin laisse croire au réveil de n'importe quel quartier d'affaires d'une ville américaine, seuls les klaxons des jeepneys (et le fait de se retrouver au milieu d'un terrain vague occupé par des mendiants en parcourant 100 mètres dans une rue transverse) nous rappellent que nous sommes en Asie. Un fait étonnant cependant: la réponse des Philippines à McDonald s'appelle Jollibee, 1ère chaîne de restauration rapide sur le territoire... une petite rebellion? 


Intramuros, une reconstruction de l'ancienne ville coloniale fortifiée fondée par Legazpi.
Un terrain de golf occupe les anciennes douves, normal...

Ça, plus les fortifications, un petit air de Carthagène ?
[FAUX!! ou du moins, plus maintenant...]

Le Pasig vu du Fort Santiago


Coucher de soleil vu du Fort Santiago

Makati

Le 2218 Manansala à Makati (une des municipalités du Grand Manille, centre financier, quartier des ambassades, etc.) en revanche, est un petit havre de paix où la Chartreuse trône sur le frigo; 15 étages plus bas, les transats disposés autour d'une piscine immense (de part sa longueur, et non sa profondeur, les Philippins n'étant pas de grands nageurs - pour une population insulaire, cela peut paraître surprenant...) dominant Hidalgo Drive semblent n'attendre que vous et votre Kobo; le personnel connaît votre prénom ainsi que celui de chacune des personnes qui habitent la tour (un petit millier); et si une envie de Rebloch' vous titille l'estomac, il vous suffira de faire un saut à l'épicerie fine du coin de la rue, "et d'y mettre le prix" (dixit Quentin) pour la satisfaire... mais quelques restaus français à 10 minutes à pied vous accueilleront à bras ouverts si jamais l'envie de cuisiner ne vient pas avec la fringale.

Un peu surfait? Les agressions récurrentes d'expats (plus de la moitié de la population vit avec moins de 2 euros par jour > petit article sur l'économie philippine ici) qui choisissent de vivre un peu plus comme la population philippine moyenne, peuvent convaincre d'opter pour ce mode de vie...


Vues depuis le balcon...



2 jours à Manille et l'oxygène me manquait... à moins que ce fut une feinte de Quentin et Mèl pour avoir 2 jours de tranquillité ? Peu importe, certaines vérités ne sont pas bonnes à dire... en revanche, celle de faire 9 heures de bus de nuit (pour moins de 400 km à la clef) et se retrouver à Banaue, en plein milieu de l'Île de Luçon, frais comme un gardon, et enchaîner avec 6 heures de rando dans une vallée abrupte et sinueuse où une certaine civilisation, il y a 2000 ans, s'est dit "Tiens, si on faisait pousser du riz ici?" vaut peut-être le coup...

C'est un tricycle comme celui-ci qui nous a monté jusqu'au départ du sentier

Petit point de vue sur les rizières de Banaue avant de changer de vallée.
Il est 9 heures du matin, et déjà le soleil tape aussi fort qu'Enguerran sur sa caisse claire...


On pense que le peuple Ifugao aurait les mêmes ancêtres que les bâtisseurs des autres terrasses du Sud de l'Asie. Coupée du monde dans la Cordillère Centrale de Luçon (les villages que nous avons traversé ne sont accessibles qu'à pied) et douée pour la chasse, cette civilisation a su préserver son identité des invasions espagnoles, japonaises et américaines... Notre hôte de Cambulo nous a confié que c'est finalement John Wayne et la télévision qui les a conquis ! :D


Le bœuf et la charrue, au moins, ça passe partout...

Un des villages de Pula

Cambulo, où nous avons passé la nuit.
Cela fait à peine 1 an 1/2 que ce poteau électrique fait écho aux palmiers!

Les moellons remplacent peu à peu le bois des maisons traditionnelles...

... et la tôle ondulée (plus résistante aux pluies) les toits de chaume (qui doivent être refaits tous les 2 ans)

Dernier regard sur Cambulo avant...

... BATAD !!

Franchement, je me demande si l'arrivée sur Batad depuis Cambulo n'est pas toute aussi spectaculaire que celle du Machu Picchu depuis le Chemin de l'Inca... j'espère pouvoir confirmer cela un jour ;)

Et comme le hasard fait bien les choses, fin Avril est la meilleure période de l'année pour  voir les terrasses d'un vert éclatant...

Photos redondantes? Désolée, je ne m'en lasse pas... :D

Pour passer de terrasse en terrasse, les Ifugaos ont construit des marches le long des murs; elles se devinent à peine et n'ont pas bougé d'un poil malgré leurs 2000 ans !

Mais pour faciliter le travail de la population locale, le gouvernement les a doublé par des escaliers en ciment; plus larges et plus régulières, leurs marches ne glissent pas lors des pluies diluviennes...
En prime, je vous présente notre guide Christophe :)


2 heures de marche après Batad et nous rejoignons la route; un orage éclate au moment où nous montons dans le tricycle, qui nous déposera à Banaue 1 heure plus tard (ouïe ouïe ouïe le dos...)